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Yves Paquelier, chanteur sans trop de retard

94555140_oIl faut être humble ou bien timide pour, trois décennies durant, écrire et composer des chansons et les garder pour soi, à l’abri de toute écoute si ce n’est, et encore, pour de rares amis. Deux chansons retenues pour un concours, dont le futur titre lauréat, au bout de quinze ans ; des amis – dont Christiane Oriol et Patrick Leroux – qui un beau jour lui font sa fête en s’emparant de ses chansons et en l’incitant à en faire quelque chose… Les années passent encore. Voilà qu’un beau jour, du côté de ses cinquante balais, Yves Paquelier sort un premier album, Enfin le début !, en juin 2009. Le second opus, Encore une chanson, sortira deux ans et demi plus tard.

Ce n’est que maintenant qu’il vient s’ajouter à la discothèque de NosEnchanteurs : qu’il soit dit que la date de pressage n’a que peu d’importance quand on fait bonne impression.

Trois hommages dans ce disque, qui en sont comme les piliers. L’un à Jean Ferrat (Quand Jean chantait), un autre à Georges Brassens (Tout Brassens). Le troisième (BalladAllain) était du vivant de Leprest mais le temps de l’enregistrer, l’Allain s’était passé la corde au coup : « Putain mon salaud / Que c’est beau / Tes notes et tes mots / Tournent sur mon phono / « C’est rien qu’une chanson » / Comme dit mon voisin / Qui n’est rien qu’un con / Et n’y comprend rien ». Trois et cette chanson d’Outre tombes : « J’irai pas sur ta tombe pour lire sur une stèle / Ton nom au générique juste après le mot fin / Ne viens pas sur la mienne, y’aura pas de rappel / Lorsque ce rideau tombe, personne ne revient ».

Ce que chante Paquelier relève souvent de l’intemporel, de l’enchantement, de petites choses pas bien graves qui par lui trouvent leur importance (« Où vont les trucs de pissenlits / Quand on souffle dessus / Où vont les rêves que l’on oublie / Les lettres jamais reçues ? »). Lui, comme sa fille de douze ans, voyage au pays d’Alice. Et quand ce n’est pas intemporel, il regarde ce temps qui passe comme une vache regarde passer des trains. Avec ses wagons d’amours ici chagrinés, baroques là ; avec par bonheur d’autres wagons plein de gosses qui naissent, vivent et chantent aussi. Une seule plage est douloureuse dans ce disque, celle où on prend la vie d’un photographe, puni pour avoir pris la vie en photos.

Quatorze chansons écrites et composées entre 1985 et 2011, exhumées de sa guitare par de généreux musiciens au premier rang desquels Patrick Leroux, violoncelle et saxo, percussions aussi, mais surtout arrangeur et directeur musical.

Un timbre qui parfois fait songer à François Béranger, des chansons qui, au bout de trois quatre écoutes osent vous revenir d’elles-mêmes, entêtantes, alors familières. Des chanson d’amis, de saltimbanque, « avant que je suive / mes idées qui fument / couvert de mots-plume / et d’encre-goudron ».

 

Yves Paquelier, Encore une chanson, autoproduit 2012. Le site d’Yves Paquelier, c’est ici

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