Barjac 2016. Marie Baraton, hors la mode et le bruit
Sauvé dans En scène, Festivals
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Ce qu’on retiendra de cette édition 2016 de Barjac, c’est le joli spectre de la chanson qui y fut présenté, bien plus large qu’à l’accoutumée. Marie Baraton y est niche à elle seule, magnifique voix actuelle (au timbre proche de celui de Pauline Croze, si ça peut vous en faire une idée) qui paradoxalement s’inscrit comme la résurgence d’un genre un peu tombé en jachère, en désuétude. Une chanson tendre, bien écrite, bien composée, en équilibre fragile entre chanson « de caractère » et de « variété », entre chanson d’un temps passé et une intemporalité qui fait parfois défaut à celle d’aujourd’hui. « Une chanson qui fuit la mode et le bruit, une chanteuse d’exception » en dit Hélène Hazera.
A quelques exceptions près (les parisiens sans doute) personne en ce chapiteau ne la connait, n’ayant d’elle bien souvent que la courte notice du programme du festival. C’est dire si la découverte peut facilement laisser place à la franche séduction, si on peut sans mal se laisser happer par de si belles mélodies. Car la belle dame est bien accompagnée. Par Pierre-André Athané, qui signe ou co-signe avec elle l’essentiel de ses textes et de ses musiques. Et par Michel Haumont, qu’on ne présente plus. Deux virtuoses de la guitare, l’idéal masculin de cet art : Baraton est chanteuse vernie.
Dès la première chanson, Le petit port, le charme opère. Un petit joyau qu’on peut croire être un classique du répertoire tant il en épouse les formes… Puis c’est sur des notes jazz que s’enfuit la Tour Eiffel : « comme une sauterelle / elle a en un éclair / sauté sur la Madeleine / foncé sur Turbigo… » Une heure durant, Marie Baraton va du léger au grave, du futile à l’émouvant. Comme cette chanson, d’une même élégance, à la musique un peu tournoyante, dédiée à [sa] Petite main, membre atrophié.
L’amour a belle place dans la chanson de Baraton : c’est vrai que ça lui va si bien, dans une mélancolie non datée, sans chichi. C’est en cela que Marie Baraton peut vite nous devenir indispensable, irremplaçable même : cette simplicité de tous les instants, de toutes les chansons. De toutes ses attentions. « Face à l’éphémère de nos vies », à l’évocation de ceux qui nous ont précédés, elle nous émeut par un « Nous ne sommes rien d’autre que nous-mêmes / Rien d’autre que nous-mêmes / Aussi fragiles que nous-mêmes / Aussi beaux que nous-mêmes ».
Peu importe alors que la chaleur caniculaire nous indispose, le chant de Baraton opère en nous, les notes qui aiment à emprunter à l’hispanique, au sud-américain, au tango parfois, font leur office. Et c’est grande ovation, généreux applaudissements qui récompensent une prestation enviable, impeccable.
Le nom de la Baraton, associé à une idée précise de la perfection, ne sera pas oublié de sitôt. Barjac n’a pas failli à sa tâche en la portant à son public.
Le site de Marie Baraton, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là.
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