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Avignon Off 2016. Askehoug, expérience stylissime

AS

Askehoug (photos DR)

Off d’Avignon, Théâtre de l’Arrache-Cœur 15 juillet 2016,

 

Matthieu Aschehoug est norvégien du côté de son papa. Pour des raisons de prononciation en français, son nom de scène a été ré orthographié en Askehoug. Comme beaucoup d’anciens timides, celui qui était plasticien vidéo de formation, puis musicien bassiste de rock se protège derrière un air supérieur et des textes noirs et provocants qui vous font lever le poil. Il nous le dit, sa poésie ne se chante pas, elle s’édite. Pourtant lorsque ses musiciens se séparent, il vient à la chanson et  son premier succès en 2012 (et album) s’intitule Je te tuerai un jeudi, remarqué et récompensé à l’époque, qu’il chantera en rappel (beau jeu de scène avec les lumières qui s’éteignent en même temps que les petites notes du piano se distancent et s’arrêtent.) Dans un registre moins radical, les relations homme femme dans La dispute lui inspirent des textes gainsbouriens : « Alors amour de ma vie, tu ne seras jamais mon amie » et celles avec sa belle-mère aussi virulente qu’une araignée, un texte belliqueux et œdipien.
Depuis, il promène sa nonchalance affectée, son physique à la Jean Rochefort (bon, je sais, ça n’est pas original de dire ça, mais il a le même chien que son aîné, le côté cabotin aussi) et sa longue silhouette élégante sur les scènes de France et de la Papauté d’Avignon, tour à tour à son clavier, ou debout à la basse, et prépare un nouvel album pour 2017.
A tous ses talents artistiques se rajoute une superbe voix grave et chaleureuse, qui prend parfois des accents à l’Arthur H, flagrant sur la chanson Muse quand il quitte la voix parlée pour chanter « Toi tu tranches dedans comme fait l’éolienne. »
Askehoug 2014 NBSa chanson Je veux du style, n’est pas non plus un hasard. On pense à Souchon, à Thiéfaine. D’aucuns disent Bashung, on peut tomber plus mal comme références.
Assez fascinant le narcissisme d’Épidermique de l’homme, décrivant d’une façon clinique et objective, mais pourtant non dénuée de poésie, chacune des parties de son corps, « dernier vaisseau vers l’absolu », n’épargnant aucun détail de son appareil sexuel tout autant que de ses autres organes, poumons, tête, couche épidermique, globes oculaires ou cheveux en lianes anarchiques. On dirait un exercice de prise de conscience de son corps. Pendant ce temps là l’éclairagiste envoie des lumières qui sculptent son visage. Ça se termine par « Mon corps c’était ».
On continue l’expérience  avec un incroyable monologue sur son pouvoir sur la lumière. Ses musiciens, Michel-Ange Merino et Frantxoa Erreçarret, si présents sur les titres à la basse et à la batterie, ont soudain disparu. Réminiscence de l’éclatement de son premier groupe où, soudain , il dut songer à pratiquer en solo ? Toujours est-il que les musiciens, nous dit-il, il les coupe, sorte de castration, afin de présenter au public, comme dans un concours japonais, une séance de création de chanson improvisée. Ne vous inquiétez-pas, cette fameuse chanson inspirée par l’Ile de Ré, au titre étrange, Les vagues font leur boulot, figure dans son album. Mais, pour avoir participé à des ateliers d’écriture de chanson, le processus est bien décrypté. Après les vagues, Askehoug s’imaginera nuage, volant la nuit au dessus de la ville, nous regardant dormir tranquille.
Quant à la chanson La  guerre des animaux « Protégez vos enfants / Ça va péter (..) Faites tonner tambours et envoyez guitares (…) Fermez la porte / Sortez couverts (…) C’est la guerre / C’est pour bientôt / C’est une guerre d’un genre nouveau », fable à décrypter à des degrés divers, « Mère Nature / tu as fait un rature appelée l’homme » elle  résonne encore dans mes oreilles…

 

Le site d’Askehoug, c’est ici ;  ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là. Jusqu’au 30 juillet au Théâtre de l’Arrache-Cœur (11i7) à 19h30, relâche le lundi 25.

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Une réponse à Avignon Off 2016. Askehoug, expérience stylissime

  1. Lacouture 25 juillet 2016 à 10 h 09 min

    Askehoug est programmé à Avignon de même que Boule, Volo, Chloé Lacan, et benoit Doremus dans le cadre d’une opération intitulée « on y chante » et initié par le collége Variété de l’Adami. 5 partenaires sont associée à cette programmation : le train-théâtre à Portes-les-valence, les bains-douches à Lignières, le festival Chantappart , l’estival de St germain-en-laye, La manufacture chanson. C’est le travail collaboratif de tout ce monde qui permet à la chanson de se faire une place dans le cadre du off depuis 4 ans.

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