Spa 2016. À l’abordage de Cœur de Pirate

Cœur de Pirate (photo d’archives DR)

Francofolies de Spa, 20 juillet 2016,

Cœur de Pirate est apparue sur la scène médiatique en 2009, avec son premier album éponyme, suivi en 2011 de son 2^e album, Blonde. De la chanson pour adolescent(e)s, pas forcément désagréable à l’écoute, qu’elle interprétait d’une voix un peu nasillarde d’enfant boudeur. Des chansons pleines de peines de cœur, dans lesquelles chacun et chacune pouvait se retrouver. Il faut dire que Béatrice Martin venait tout juste de quitter cette période puisque la belle avait 19 ans à la sortie de son premier CD…

Depuis lors, avouons que le soufflé est un peu retombé et que son nouveau disque paru en 2015 ne semble guère avoir marqué ni les mémoires, ni les médias. Et si la chanteuse a fait récemment les gros titres des gazettes, c’est malheureusement en raison de son orientation sexuelle, qu’elle a décidé de dévoiler, et non pour son activité artistique !

On était donc curieux d’aller l’écouter et de la découvrir sur scène. Allait-elle réussir à passer outre son image de chanteuse pour gamines ? Ses chansons pouvaient-elles intéresser les personnes de plus de quinze ans d’âge ?

Évacuons tout de suite la deuxième question. Est-ce l’artiste qui a une articulation défaillante ? La sono a-t-elle pris un malin plaisir à couvrir sa voix (problème récurrent en festival) ? Ou un doux mélange des deux causes ? Toujours est-il que les paroles des chansons n’étaient compréhensibles que par intermittence et qu’il ne nous a pas été possible d’apprécier l’éventuelle valeur poétique des textes. Comme en outre une bonne partie des titres était en anglais… On s’est donc rabattu sur la musique et le show.

Qu’en dire ? Il est des concerts qui font penser aux gros films américains : professionnels jusqu’au bout des ongles, ils souffrent malheureusement d’un formatage tel que, si on ne s’y ennuie pas vraiment, on n’est jamais surpris ! Tel était le cas pour celui-ci. Irréprochable musicalement parlant (de la pop efficace à souhait jouée par des musiciens pros), totalement calibré dans la forme. Nous avons donc eu droit à de nombreuses envolées crescendo, portées par des nappes de claviers, des guitares stridentes et des percussions oppressantes, soulignées par un jeu de lumière saccadé, que l’on stoppe brusquement pour mettre fin au climax. Bien sûr, l’intermède intimiste où l’artiste nous interprète quelques titres en piano solo fut de la partie, de même que la reprise bien sentie (La dernière danse de Kyo, on reste dans l’adolescence !). Tout cela nous a mené tranquillement à la fin du concert, où les chansons les plus connues (Comme des enfants, Adieu…) furent reprises en chœur par le public, auquel on aura préalablement demandé d’agiter les bras. Rien de bien méchant, on passe un agréable moment, mais rien d’inoubliable non plus ! Simplement, on aurait voulu en connaître un peu plus sur l’artiste à la fin du concert et pouvoir apprécier ce qu’elle nous aurait offert, au lieu de se retrouver avec l’image d’une professionnelle sans grande personnalité. Comme un sentiment de gâchis…

En fait, la seule chose qui sort de l’ordinaire dans ce spectacle sur des rails, c’est la gestuelle de Cœur de Pirate ! Souffre-t-elle d’hyperactivité ? Elle ne tient en tout cas pas en place, même assise à son piano, et semble vivre dans la hantise de rester immobile quelques secondes. Comme je présume qu’elle a dû suivre un stage de danse moderne durant ses dernières vacances, elle se croit obligée, dès qu’elle dispose de quelques secondes où elle est libre de chant, de nous faire des grands mouvements de bras qui font voler sa blouse flottante ou de se lancer dans des courtes chorégraphies consistant à lancer ses jambes en l’air… Est-il besoin de préciser que ces déplacements sont énervants au possible et, surtout, totalement hors de propos. Si un coach pouvait lui expliquer la différence entre présence sur scène et occupation forcenée de l’espace, il en sera chaleureusement remercié.

Le site de Cœur de Pirate, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est là.

La vidéo permet de comprendre les remarques de notre correspondant spadois sur la gestuelle de l’artiste. Libre à chacun d’apprécier le style… »