Blanzat 2016. Absil et Hamon, coups de blues pour final partagé
L’un, Baptiste W. Hamon, est jeune, même s’il aime raconter des histoires du temps où il l’était. L’autre, Vincent Absil, l’est nettement moins et, si lui aussi s’en raconte, c’est pour nous parler des légendes de son art, le folk-blues, de ceux qu’il a croisé sur son chemin. C’est cette tonalité folk blues partagée que le cadet et l’aîné partagent : dieu qu’il est plaisant de s’en faire toute une soirée.
Absil, vous le connaissez, ne serait-ce que du temps d’Imago, presque dix ans de rêves d’un groupe rock en tout point majeur. Depuis, Absil trimballe son blues à qui veut l’entendre, évoquant des voyages réels comme des voies ferrées qu’il n’a pas toutes emprunté : « Tu sais, j’en ai vu des trains de nuit / Qui partaient me laissant là… ». Pas un poil sur le caillou, l’Absil, et ses lunettes teintées, conforme à l’image qu’on s’en fait. Son blues se veut autobiographique. Quand il chante Manque de pot il l’est, qui plus est grandiloquent. S’il fallait un prétexte à sa présence à Blanzat, on le trouve par l’évocation de deux de ses amis disparus. Marc Robine il va de soi, dont ces Rencontres portent pour toujours le nom. Et Dan, indien aux moustaches gauloises, récemment décédé. Absil est homme d’amitié, de fidélité. Qui va chercher dans son répertoire des chansons à offrir à ses copains, de celles qu’ils aimaient l’entendre chanter. Et puis d’autres trucs, une traduction de Dylan, un vieux trad des Apalaches, d’autres trains encore, des destins croisés : y’a de quoi prélever, dans ses quarante ans de chanson, des vers bien français aux tournures américaines. A ses côtés, Michèle Barre, voix et petites percussions. Et Gaël Mesny, superbe guitariste aux notes irréprochables. Bon set, élégant voyage.
Y’a pas loin de quarante piges entre Vincent Absil et Baptiste W. Hamon. Mais le temps ne fait rien à l’affaire… Même si les chansons présentées ici sont inégales, la voix du cadet est avenante, élégante, franche et mélodique. Ce « prisonnier de l’enfance » évoque d’abord son Yonne natale en une douce mélancolie, celle qui nimbe la plupart de ses textes. Même quand il s’en va chercher le souvenir des poilus et d’un certain Alan Seeger, oncle de Pete, mort dans les tranchées… C’est un beau travail que celui de Baptiste W. Hamon, à qui il ne manque que la patine de l’expérience. La prestation scénique est un peu gauche, hésitante, très éloignée de ce qu’il rend sur disque. Qu’importe, à l’écouter on visualise un peu les grands espaces étasuniens, Alabama, Mississippi, Texas, Louisiane… On entend de loin les pionniers du blues, et ce Van Zandt qu’Hamon s’est donné pour référence, qu’il n’oubliera jamais.
Deux folk-bluesmen sur scène, eux et leurs musiciens respectifs, ça donne, au moins pour le public friand de tels moments, envie de duos, de bœufs. Timidement, sans préparation, sans inspiration et paradoxalement sans grand patrimoine commun, ça c’est fait. Dommage, c’est de là qu’aurait dû commencer l’indispensable de cette soirée, l’acmé de ce concert final : ce ne fut en fait que gentille récréation quand le feu couvait sous la paille.
Le site de Vincent Absil, c’est ici ; le blog de Baptiste W. Hamon, c’est là.
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