Pourchères 2016 : Véronique Pestel, en verve et en grâce
Quelle artiste que cette Pestel, dame oui ! Le ciel est encore menaçant, le vent est frais (« Je vais comme un vent mauvais… »), la nuit va tomber au fil des chansons, le fond de scène se perd à l’infini dans cette Ardèche boisée, ses montagnes à perte de regard. Exceptionnelles profondeurs de champs et de chant. Ci-devant, elle et son long piano noir, sa crinière rousse. Sur son socle, la guitare dont parfois elle jouera. Dès la première note, le premier vers, nous entrons dans un espace particulier, de paroles certes mais plus encore. De richesse du verbe au service d’idées, d’émotions, de sentiments, de descriptions, de restitutions. A la fois simple et travaillé, modeste et de grand luxe, de luxuriance, clair et dru, touffu. On le sait, on n’écoute pas Véronique Pestel distraitement : nous faisons en nous conversation avec ses mots : elle propose et chante, on écoute et intérieurement on débat de cette profusion de mots si bien ouvragés. C’est un univers musical soyeux, mélodique, qui allie sans mal le classique et une approche populaire de la musique. C’est une porte sur la littérature, sur l’envie, la nécessité de littérature. C’est riche de culture, d’enseignements. Ce sont des paroles qui s’arc-boutent à la tendresse, cherchant le moindre relief pour la déposer, lui faire prendre racine. C’est une chanson contemplative et puissante qui frôle et fixe nos émotions, le temps et les saisons, « des hivers qui vont en enfer et des printemps qui ont raison », des brouillards qui s’installent, d’autres qui se dissipent. C’est l’empathie de la vie et des êtres, amantes ou loups, c’est l’exigence de la réflexion et de l’intelligence.
Véronique Pestel nous gratifie des titres d’un album à venir, nous offrant toutefois quelques chansons repères d’albums passés, comme La Mimi de Saint-Julien, Les sans voix (de Laffaille) ou encore Vanina s’en va. Chansons de toute beauté, comme celle, ample, passionnante, superbe, sur Camille Claudel. Ou ces alouas qui se retournent au bout de tous nos contes, cette endeuillée qui se peut faire autrement que de l’être, ces anges gardiens qui ont lu Holderlin, ces rosiers qui étonnement savent se débrouiller tout seuls, ces lumières qui s’éteignent sans que ce soit la fin du jour.
On sait que l’album sera enregistré cet été et déjà on s’impatiente. Comme pour reprendre le fil d’une conversation, revisiter les mots et leur magie, renouer sans tarder avec la Pestel, en toute hâte, en toute grâce.
Le site de Véronique Pestel, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là. Concert le 25 septembre au Café de la danse à Paris, le 7 octobre à Neuville-du-Poitou, le 8 octobre à Peyrehorade, la 4 novembre à Meythet.
et en plus, l’interview superbe de « la » Pestel, d’une femme vraie, sincère, libre, se termine par un extrait de Vanina s’en va, chanté par Marie Françoise Rabetaud et Dominique Desmons….que du bonheur !