Pourchères 2016 : Éric Frasiak, peintre social
Il y a une chanson méconnue de Leprest interprétée par Christopher Murray, à qui l’Allain l’a offerte, qui raconte l’histoire d’un gars qui a Tout dans l’chapeau.
Frasiak a la sienne aussi. « Sous mon chapeau / Y’a tous ces vers qui prennent leur pied / A me bousculer les neurones / Qu’écrivent des trucs qui font chialer / Ou qui gueulent dans le vent des cyclones ». Lui n’a sans doute pas tout « dans l’chapeau » mais on ne le connaît vraiment qu’avec. Éric Frasiak a plus sûrement tout dans une région, une éducation, une culture prolétaire, une empathie rare et bouleversante. Il est et reste une des plus belles incarnations de la chanson sociale, un peu le Ken Loach de cette subdivision de la chanson.
Dès ses premiers vers, nous sommes dans un intime paradoxalement collectif, un passé-présent comme, une émotion proche, palpable et palpitante. Lui, de deux refrains, cinq couplets, vous restitue la cours d’école, les bistrots, l’atelier, les filles. « T’es toi, tais-toi » lui disait sa mère. Il chante.
Lui est de la famille de Renaud, de celui qui n’embrassait pas encore les flics. De celle de Lavilliers, résident permanent de la Vallée de la Fensch. De celle de François Béranger aussi et surtout, son « maître à chanter » ! Frasiak ne nous chante que des tranches de vies, les siennes, les nôtres, celles de Bar-le-Duc comme celles de toute région laminé par le progrès qui d’abord jette les travailleurs sur le carreau. Bar-le-Duc, ville sinistrée, à l’horizon bouché, ciel obturé qui, par l’humanité de Frasiak, laisse quand même percer des rayons de soleil. Des hauts-fourneaux à Bergère de France, Monsieur Boulot a pris congé ou est en passe de le faire, ne laissant que désolation, qu’une triste mélopée, un chant d’infinie mélancolie. Le chant d’Éric Frasiak est une fresque sociale, un pudique regret qui ne sait baisser les bras, qui toujours croit aux lendemains : « Y’a de l’amour dans l’air / Même si y’a tout qui tourne à l’envers / Tout autour ». Qui croit encore à l’humain, même si l’espèce humaine n’est qu’une « espèce de con ». Frasiak est un combattant de l’optimisme sacrément contrarié. « Y’a qu’une seule cartouche d’encre noire / Dans mon stylo désarmé » a-t-il écrit au lendemain du carnage de Charlie Hebdo. Il peut chanter la même chose sur ces lieux où le travail est confisqué. A feu son papa, il s’adresse : « Si tu voyais le jardin / Dans quel état il est / ça t’f'rait comme un chagrin, du tracas… » Je crois que Frasiak est l’un des plus beaux des humains. Et ses deux musiciens ne le sont pas moins.
Le site d’Éric Frasiak, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
Un bien bel article ! Chapeau bas à toi Eric et chapeau à Michel pour sa jolie plume ! Samedi dernier dans La prochaine fois je vous le chanterai, aujourd’hui dans NosEnchanteurs… Mazette c’est ta fête !
Merci les Amis pour ce beau concert, pour votre amitié, pour vos remerciements, pour… Au fait, Eric, le chapeau toujours pas en vente ? A bientôt de vous revoir toujours avec le même plaisir !
Quel plaisir ton trio Eric ! Oui Michel ton article : c’est ça ! qu’on a ressenti ! Alors à tout bientôt les artistes !!!!
Bravo Eric, c’est bien de toi que l’on parle dans cet article.
Le Ken Loach de la chanson. Bien vu ça Michel Kemper. Avec de l’amour de la fraternité de la générosité Eric Frasiak est un artiste devenu indispensable.
Très bel article. Bravo a celui qui l’a rédigé et bravo a toi Eric c’est mérité