Johnny, tu n’es pas un ange
Johnny Montreuil, Liège, Brasserie La Sauvenière, 17 juin 2016,
Moi, vous me connaissez ? Je ne suis pas du genre à me laisser marcher sur les arpions et faudrait pas voir à seulement avoir l’intention vague de jouer avec mes roudoudous (sauf pour certaines représentantes du beau sexe, mais c’est une autre histoire !). Alors, quand j’ai appris que le chanteur qui passait au rade du coin s’appelait Johnny Montreuil, tout de suite, ça a fait fonctionner mon usine à gamberge. Le gars en question, il avait intérêt à assumer son blase, à lui faire honneur même ! On prend pas le prénom sacro-saint des français sans risquer la chicore, ni le nom d’une banlieue populaire si c’est pour chanter des trucs de gonzesses qui font rien qu’à péter dans la soie. Si le mec s’était juste coltiné ce pseudo pour faire le mariolle, il pouvait compter sur mézigue pour se retrouver éparpillé aux quatre coins de Liège, façon puzzle, comme disait mon tonton Raoul.
Bon, quand j’ai vu se rappliquer l’équipe sur scène, j’étais déjà un tantinet rassuré : un batteur en tee-shirt qui étalait ses biscotos, un guitariste tatoué comme mon compagnon de mitard avec des bacchantes piquées au Cavanna de la grande époque, un harmoniciste tout en gapette et rouflaquettes, et puis le chanteur, le Johnny en question, grand mâle baraqué en santiags et bras de chemise noire… Respect ! On voyait immédiatement qu’on avait pas affaire à des bourges déguisés en durs ou à un boys-band de lopettes. Mais encore fallait-il que le reste suive ! Peut-être que l’emballage était trompeur, comme ces gonzesses qui te promettent la lune à coup de soutifs rembourrés ou de culottes rehaussantes et qu’une fois dépiautées, c‘est l’éclipse totale ?
Là aussi, j’ai vite été calmé. Un gars qui débute son concert par une chanson qui explique qu’il vient de refroidir sa poupée, qu’est-ce que tu veux lui reprocher ? Surtout qu’il enchaîne avec une autre sur son pote Riton (un foutu glandeur celui-là, doit faire partie des copains de mes copains..), sur les bastons dans les piquets de grève à l’usine ou sur les artistes de bar nés sur un comptoir… Tu vois quelque chose à redire, toi ? Que des chansons maousses sur la vie de ceux qui ont pas eu la chance de naître du bon côté de la barrière et qui font ce qu’ils peuvent pour choper leur part de soleil. Même que ça n’empêche pas les sentiments (quand tu es là, je marche droit, qu’un mec dit dans une chanson : c’est pas de l’amour ça ???). Bref, c’était beau comme du Mano Solo avant qu’il soit mort, ou du Renaud quand il embrassait pas les flics.
Et attention, le groupe, il était pas manchot. Particulièrement le lascar à l’harmonica, qui nous a donné le tournis et nous a fait voyager dans les bayous de la Nouvelle-Orléans. Et aussi le Johnny, qui joue de la contrebasse tout en chantant. Ça swinguait vachement, dans le style country-rock ou rockabilly, même qu’on a eu droit au final à une reprise du Maybellene de Chuck Berry, insérée dans une chouette chanson sur un mec qui chine de la mitraille dans son beau camion. Du solide, du costaud. Pas du moderne qu’on encense dans les beaux milieux (y’avait pas de samples, ni de passages rap) mais du traditionnel enraciné dans le vécu (on a même eu droit à un java, c’est dire !).
La plupart des titres joués se trouvent sur le premier CD des gars, qu’a un drôle de nom (Narvalo City Rockerz), mais avec tous les inédits qu’ils ont joués, on peut espérer qu’une nouvelle galette verra le jour bientôt. En attendant, s’il débarque dans un troquet pas loin de chez vous, courez voir mon pote Johnny et dites-lui que vous venez de la part de Popol le liégeois. Il se souviendra peut-être pas de ma pomme, mais de Liège bien, puisqu’il a écrit une chanson sur cette ville. Même qu’il a tout compris puisqu’il y braille« Oh Liège, prie pour ne pas que la nuit s’achève ». Tous ceux qui connaissent les bistrots de ma cité ardente ne pourront qu’être d’accord.
La page facebook de Johnny Montreuil, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
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