Tout fout l’camp !

©P.Charriau/ccas

par Agnès Bihl

Aujourd’hui, je devrais normalement vous parler de la sortie de mon disque… faire la promo d’une manière pétillante et acidulée, vous abreuver de mots d’esprit, de phrases chocs et bien moulées destinées à susciter sur votre subconscient le désir irrépressible de courir au plus vite dépenser 12 euros pour avoir mon nouvel album…
Sauf que j’ai pas envie.
Pas quand un sale type boursouflé d’auto-suffisance proclame sans honte aucune qu’il suffit de bosser pour s’acheter un costard, et qu’importe si le costard qu’il arbore lui même, coûte le salaire mensuel d’un instituteur…
Pas quand un jeune homme de 28 ans est toujours dans le coma, suite aux violences policières de ces derniers jours. Oedème cérébral et boite crânienne enfoncée, mais chut… il vaut mieux légitimer coûte que coûte les actions des forces de l’ordre, c’est sans doute pour ça qu’on entend sur toutes les ondes que c’est beau d’embrasser un flic…
Aucun doute.
Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, souriez vous êtes fichés.
Les yeux lacrimogénisés, nez cassés, bras pétés, mâchoires fracturées… et toujours un gouvernement imbu de son incompétence, aveugle à la détresse et sourd à l’opinion de ceux qui l’ont pourtant élu, ceux dont la voix ne compte pas… hors période électorale. Bien sûr.
Un gouvernement qui confond Pouvoir et Démocratie.
Qui ne voit pas plus loin que le bout de son mandat.
Qui ne sait pas compter plus haut que 49.3.
Et qui utilise la violence policière comme seul argument politique.
Mais les mots ont un sens… alors arrêtons 2 secondes de parler de « prise d’otage » dès qu’il y a une grève ou une manif quelque part. S’il vous plait. Les otages, ils étaient à l’Hyper Casher et au Bataclan. Ils sont en ce moment même en Irak, en Libye, en Syrie ou au Yemen. Pas devant les stations services ou sur les quais du RER. Un peu de pudeur. Brandir le terrorisme à toutes les sauces politiques et l’attribuer à Al Qaïda aussi bien qu’aux Nuits debout, personnellement ça me fait honte.
Et j’ai mal à ma République.
Mais bon. Allez.
Promis demain, je serai de meilleure humeur et je vous parlerai de mon disque… après tout ce n’est pas pour rien que je l’ai appelé Tout fout l’camp !

NosEnchanteurs vient de consacrer un article au nouvel album d’Agnès Bihl : c’est ici.