Pauline Croze : bosser la bossa
Un premier album (éponyme, avec inclus le titre T’es beau) en 2005, un second (Un bruit qui court) en 2007, tous deux chez Wagram, un troisième (Le prix de l’Eden) cinq ans plus tard chez Cinq7. Et puis à nouveau plus de nouvelles jusqu’à ce jour. Voici le nouvel album de Pauline Croze chez encore un autre label, Sony music cette fois-ci. Mais de nouvelles chansons, aucune. Que des reprises de Bossa-nova, tant que c’est est logiquement le titre de l’album. Nouvel opus que le prière d’insérer joint du service de presse justifie laborieusement : « Pauline et les doux rivages carioca, cela sonne comme une évidence… »
Non, pas vraiment.
Onze titres venus certes (ou inspirés) du Brésil mais que nos oreilles connaissent depuis longtemps, qui sont devenus parmi les plus grands classiques français : La rue Madureira (Nino Ferrer), Tu verras (Claude Nougaro), Samba Saravah (Pierre Barouh), Jardin d’hiver (Henri Salvador), Fais comme l’oiseau/Voce Abousou (Michel Fugain), Les eaux de mars (Georges Moustaki), La fille d’Ipanema (Sacha Distel)…
Et Pauline Croze, en mal d’inspiration, qui les rassemble tous en un album, les nivelle par sa voix, dans des interprétations faut-il le dire nettement en dessous des « originaux ». Dès le deuxième titre le disque est ennuyeux, au troisième c’est pire, au quatrième on s’en sert au ball-trap. Pas de relief, rien ou si peu. Sauf quand il y a duo, mais c’est alors toujours l’autre voix (ici Flavia Coelho, là Bruno Ferreira ou Vinicius Cantuaria) qui donne le la, qui sans mal emporte le morceau et contrecarre l’abîme, enraye l’ennui. « Qu’est-ce que c’est ennuyeux les bossas de Pauline Croze ! Même l’orchestration est plate, répétitive et sans nuance. Comme dit un auditeur, manque de nonchalance sensuelle ! » m’écrit une de mes estimées consœurs de plume.
Ce n’est pas un disque, c’est un naufrage. Qui bien sûr (c’est griffé Sony music) passera en radios ; dont les critiques, un peu forcés qu’ils sont cause à ce qu’ils sont tous extrêmement gentils, diront le plus grand bien : on n’éreinte pas un fournisseur discographique de cette taille.
Que Pauline Croze remette vite son travail d’auteure compositrice interprète sur l’établi, qu’elle poursuive sa route, sans prendre de tels sentiers escarpés dont, malgré sa bonne foi, sa bonne volonté, elle n’est pas à la hauteur. Certes elle est bonne guitariste mais la chanson ne se résume pas à un simple exercice guitaristique : c’est une somme et la somme n’y est pas. C’est une émotion alors qu’il n’y a là que fatigue. « Pas question de simplement reprendre à la virgule près ceux qui l’ont précédée en la matière » lit-on encore sur sa bio : il eut fallu, pourquoi pas, qu’elle se mette en voix des bossanovas que nous ne connaissions pas : privés de possibles comparaisons, nous n’aurions pu constater l’étendue du naufrage.
Pauline Croze, Bossa nova, Sony music 2016. Le site de Pauline Croze, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.
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