CharlÉlie Couture : Lafayette, le voilà !
Depuis près de quarante ans que CharlÉlie Couture occupe nos platines de sa voix unique, que peut-on encore attendre de lui ? Belle carrière que la sienne, incontesta- blement. Vingt albums studio à son actif, avec des réussites imparables (l’emblématique Poèmes rock bien entendu, mais aussi des perles comme Les naïves, Melbourne Aussie ou New Yorcoeur), des disques moyens et même aussi des trucs qui ont assez mal vieilli (Art and Scalp, par exemple). Bref, une vie d’artiste, avec ses hauts et ses bas, ses sommets et ses précipices. Reconnaissons-lui en tout cas le grand mérite de ne s’être jamais reposé sur ses lauriers et d’être un infatigable chercheur, brouillant les pistes si rassurantes de la conformité et de la création routinière.
Réalisé sous l’égide de Benjamin Biolay, son précédent CD paru en 2014 (ImMortel, qui ne l’était cependant pas !) lui avait valu un petit regain médiatique, sans que le grand public le suive pour autant. Croisons dès lors les doigts pour que son nouvel opus ne connaisse le même sort.
Car c’est une très belle réussite qui s’offre à nos oreilles aujourd’hui. L’album s’appelle Lafayette et –vous en doutez-vous ?– a été enregistré en Louisiane. Voici donc l’occasion rêvée pour tous les amateurs de musique cajun de vous procurer un successeur au déjà si ancien Cap enragé de Zachary Richard. Car tout transpire le sud profond des États-Unis dans cet album. Une bonne brassée de guitares country-folk, un soupçon de banjo, un nuage de cuivres dixieland, passez au tamis du son lourd et poisseux…, rien ne manque à la recette, à la fois bonne et dépaysante ! Jamais pourtant CharlÉliene semble hors propos ou ne sombre dans un folklore de mauvais aloi. Étonnant caméléon que cet artiste, qui se pare des multiples atours musicaux que ses envies lui dictent, tout en restant lui-même, unique et identifiable dès les premières mesures.
Pour cet album musicalement festif, point trop de prise de tête non plus dans les paroles. CharlÉlie Couture a décidé d’être positif, voire naïf, et ça lui va bien. Qu’il nous invite à profiter de la vie (l’album s’ouvre significativement sur ces mots : Allez viens, on va déconner / On va s’laisser aller / Au propre et au figuré / On va déconner), qu’il pleure le départ de son aimée (Annie, ma p’tite amie) ou chante les voluptés de l’amour (On va s’aimer le cœur battant / Sur un grand bateau volant), la bonne humeur est de mise, à peine ternie par un voile de mélancolie (superbe ballade au piano dominant, Chanson en sous-sol) et la conscience du temps qui passe et de la mort qui s’approche.
Dans les quatorze morceaux qui composent l’album (deux entièrement en anglais, un instrumental et une reprise bilingue en finale du traditionnel House of the rising sun) domine une petite merveille, fort opportunément mise en avant(jetez un œil et une oreille sur le clip ci-dessous), Un jour les anges. Une de ces chansons qui vous réchauffent, à la mélodie immédiate transcendée par une orchestration parfaite (ah, les chœurs et cette trompette qui vous transporte !) et aux paroles sans fioritures inutiles, simples mais pas simplistes, qui trouvent immédiatement le chemin du cœur. Rigoureusement impossible de ne pas aimer ! Un tube possible ? C’est bien tout le mal qu’on lui souhaite.
Lafayette figure d’emblée parmi les meilleurs albums de cet artiste protéiforme qu’est CharlÉlie Couture. Espérons dès lors que son succès ne se limitera pas au cercle des aficionados de notre globe-trotter nancéen favori. Qu’il revienne sur le devant de la scène, ç’aurait quand même de la gueule, non ?
CharlÉlie Couture, Lafayette, Fontana/Mercury 2016. Le site de CharlÉlie Couture, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
Un joli boulot que poursuit cet Artiste complet qu’est Charlélie Couture . Souhaitons que cet album trouve son public et que « Un jour les anges » ait le même destin que « Aime moi encore au moins », « Jocobi marchait » , « »Under control » et « Comme un avion sans ailes » . Si les radios jouent le jeu bien entendu ! Peut être pas France Inter…