Eryk.e, des bleus à l’âme
Un tel nom d’artiste laisserait présager une musique électronique, cyber XXIe siècle, comme une adresse mail. Pourtant son premier album est parfaitement intemporel même si les arrangement sont aussi très contemporains, écoutez la vénéneuse et détonnante Le bouquet : « Mais quand j’ai pu lécher ton cœur / Et quand j’ai caressé, goûté ses saveurs / Alors mon petit bouquet de pleurs / Je l’ai planté au fond de ton cœur ».
e n’est qu’une initiale, celle du Docteur Eisenberg, médecin anesthésiste en Auvergne, récent auteur d’un très sérieux ouvrage sur l’anesthésie échoguidée. Certains étant plus égaux que d’autres, Eryk.e a aussi reçu des fées qui se sont penchées sur son berceau le don de la musique et de l’écriture, sans oublier celui d’une interprétation sensible utilisant une voix mélodieuse, caressante et très légèrement assourdie. Mais où prend-il le temps (« Le temps, qu’est-ce que le temps ? »)
Bon, Eryk n’a pas appris la musique en cours du soir après son service à l’Hôpital. Bercé de chanson française, de musique classique et de jazz, il a même été musicien, expérimentant rock et musique d’avant-garde, avant de se ranger sagement ( ?) en étudiant la médecine. A Paris ce carabin brillant continue un temps à composer et à écrire, notamment une chanson sur la Guerre de 14. Elle inspirera Seize éponyme de l’actuel album, douce et mélancolique ballade qui évoque immédiatement Les Lettres de Maxime le Forestier : « Ci-joint la montre qu’il serrait / Avant qu’il ne défaille / Au cœur de la bataille / Ouverte sur votre portrait »
La passion pour la musique d’Eryk mise en sommeil par des occupations professionnelles prenantes s’imposera avec la rencontre d’un certain patient, Jean-Louis Bergheaud plus connu sous le nom de Murat. Poussé, accompagné (à la guitare), inspiré : Murat lui a écrit trois textes, le minimaliste Morte Saison qui ouvre l’album et signe sa mélancolie poétique et introspective, La jeune face où en peu de mots choisis se pose la question du temps et du bonheur. Enfin Les lieux, tant souvenirs de quartiers mythiques de Paris que d’un amour passé : Nous reviennent ces vers « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé » sur cette course au piano ponctuée des vocalises éperdues et mystérieuses de Gaëlle Cotte.
Tout est infiniment subtil et tout en contrastes dans cet album très musical. L’écriture est d’une poésie fine et surprenante, « Je nage dans les nuits daltoniennes / A chaque brasse suffit sa peine ». La crudité y côtoie avec bonheur la délicatesse : « [Les hommes] qui brûlent d’être pris dans ta nasse / Epinglés par ton cul », et la musique presque dansante un message désabusé. Dans Bleu les récurrentes sirènes se font à nouveau tentatrices, incarnées par la voix à la Mama Béa de Gaëlle qui « rauquise » et module, sur les battements de Stéphane Mikaelian, et les roulements de piano dignes de Chopin ou de Rachmaninoff. Aux claviers et piano Eryk est accompagné sur certains titres par Denis Clavaizolle qui a également enregistré l’album.
Ma terre ou Les maisons closes questionnent le sens de la vie et le passage du temps avec toujours cette écriture juste et audacieuse, ces jolis mots qui dansent « On cause on glose on se repose ».
Autour du piano maître d’œuvre, violoncelle et trompette du Delano orchestra, contrebasse, guitare, voix aérienne de femme ou en fond lointain un presque growl, sifflements complètent une orchestration riche et variée, tout comme les mélodies, donnant à chaque titre sa propre valeur dans une cohérence certaine de l’album.
Dernière note lumineuse dans cet album à la séduction hypnotique « Pose la lumière / Du bout de ton pinceau / Éclaire la terre / Et fais jaillir de l’eau » que semblent démentir un rythme dramatique et de sombres arrières pensées.
Eryk.e, album Seize,10 titres autoproduit 2016. La page facebook d’Eryk.e c’est ici ; pour en savoir plus sur Eryk.e (plusieurs articles) c’est là. Eryk.e a donné son premier concert public le 19 avril 2016 au Caveau de la Michodière, à Clermont-Ferrand. Sélectionné pour les prochaines Rencontres Matthieu-Côte au Sémaphore de Cébazat (63) en novembre 2016.
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Voilà ce qu’on obtient quand o clique sur l’image du clip. Difficile dans ces conditions de se faire une idée… Notre chanteur (je présume que c’est lui qui a posté sa chanson et a coché un truc qu’il fallait pas) serait bien avisé de faire rectifier le tir.
merci pour le lien vers mon site où effectivement, vous retrouverez effectivement une belle interview d’Eryk e.