Ilia, la charmeuse de tympans

Liège, Les Chiroux, 30 avril 2016,

C’est toujours une aventure de partir à la découverte d’un(e) chanteur(euse) dont on ne sait pratiquement rien. Déjà, la question incontournable en matière de chanson va se poser d’emblée : c’est quel style ? Et puis immanquablement suivent les autres… Je vais aimer ou je vais être déçu ? Y’a moyen d’écouter un morceau, que je voie si ça a des chances de me plaire ? T’es sûr qu’il y a rien à la télé ce soir-là ? Et s’il pleut, on y va quand même ? Mais quand on a bravé tous ces interdits, fait la sourde oreille aux petites voix décourageantes et que la récompense d’une belle soirée est à l’arrivée, quelle satisfaction !

L’artiste qu’il m’a été donné de découvrir n’est pas tout à fait une inconnue. Elle a en effet déjà pas mal bourlingué sous son nom de Géraldine Cozier : un CD en 2009, un duo de jazz vocal, participations à divers festivals… Sans pour autant tirer un trait rageur sur son passé, elle a décidé de renaître dans un projet dont elle serait la maître d’œuvre à 100%. Et quoi de mieux alors que de se rebaptiser ? Voici donc Ilia, joli nom qui sonne, porte d’entrée d’un univers féérique et personnel, féminin et enjôleur, dans la flatteuse lignée d’une Camille ou d’une Björk.

Ilia, c’est tout d’abord une chanteuse époustouflante, qui maîtrise son art à la perfection et en remontrerait sans coup férir à tous les pseudos-coaches de nos médiatiques télé-crochets. Dire qu’elle peut tout chanter semble un euphémisme ou une marque de modestie. Sa voix nous ouvre les portes d’un monde de pureté, où les chants tribaux aux relents orientaux côtoient le scat ou le jazz, où les percussions corporelles colorent le pop-folk de ses chansons. Et quand, en outre, elle se sert de la machine qui permet d’enregistrer un son chanté en direct pour le diffuser en boucle (vous voyez de quoi je parle ? Il paraît que cela s’appelle un Voice Life Touch !) et fait ainsi elle-même les chœurs qui l’accompagnent, c’est un plaisir démultiplié qui nous est offert par l’artiste, à la limite parfois de la démonstration. J’exagère ? Aller faire une recherche sur Youtube (verbo Géraldine Cozier), vous tomberez sur deux-trois vidéos (coaching, projet jazz…) qui vous convaincront bien mieux que mes pauvres mots ne sauraient le faire.

Ilia, ce sont ensuite deux musiciens qui l’accompagnent, écrin protecteur et puissant du bijou vocal logé sur la scène. Nicolas Dechêne imperturbable à la guitare et à la basse, Didier Fontaine impressionnant d’inventivité aux percussions. La cohésion de l’ensemble force le respect.

Ilia enfin, ce sont des chansons en anglais (des reprises uniquement, dont le célèbre Smile de Chaplin) et en français, écrites paroles et musique par l’artiste. Bien qu’aguerrie dans son métier, c’est en débutante que Géraldine s’avance dans ce domaine et peut-être est-ce là le seul reproche à lui formuler : sa volonté proclamée de proposer des chansons porteuses de rêves, s’adressant aux sens et à l’inconscient plutôt qu’à la rationalité de l’auditeur, ne doit pas masquer les faiblesses apparentes de l’écriture et le manque d’accroche dans la formulation. Soyons juste toutefois : c’était la première fois que j’entendais ses chansons et il est bien possible que les charmes qu’elles recèlent ne me soient pas encore apparus.

Cette réserve ne doit pas gâcher votre futur plaisir, ni entraver votre curiosité. Tel qu’il existe aujourd’hui, bien qu’encore frais éclos de l’œuf, le projet musical d’Ilia est saisissant de maturité et ne pourra qu’encore se bonifier dans les mois à venir.

Un CD à l’appui de ce voyage musical est en voie d’enregistrement, pour une sortie fin de l’année (nous y reviendrons certainement). Un financement participatif pour celui-ci a été mis en place, sur le site Ulule, bien connu de NosEnchanteurs. Je ne peux que vous inviter à y apporter tout votre soutien : ce serait dommage de se priver d’Ilia, à peine née et déjà en voie d’être indispensable.

La page facebook d’Ilia, c’est ici.