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Les zoos sauvages de Françoiz Breut

FBreut_Zoo_visuelAttention : disque rare ! De ceux dont il est difficile d’extraire un morceau isolé, tant l’ensemble forme un tout cohérent, à prendre ou à laisser, à consommer sur place ou à emporter, mais pas par petits bouts. Il est donc réservé à un public averti, disposé à se laisser envahir durant 45 minutes (ajoutez-y 15 minutes de décompression, qu’il serait prudent de prévoir) et à courir le risque d’être foudroyé par des éclairs de beauté.

Tenté par le voyage ? Embarquez alors dans la nouvelle œuvre de Françoiz Breut, sixième CD en 20 ans de carrière d’une artiste aussi discrète que talentueuse. Son titre tient en trois lettres : Zoo. Et d’animaux (araignées, éléphants, serpent ou oiseaux…), il en sera effectivement question, et pas seulement dans la chanson-titre ou sur l’illustration de la pochette, œuvre de la chanteuse également dessinatrice. Mais à bien y regarder, c’est la nature en général, avec laquelle l’artiste fait corps, dans une synergie cosmique, qui habite chaque morceau de l’opus.

De grands mots, tout cela ? Probablement. En fait, les choses sont plus simples. Il vous suffit de vous laisser emporter et le monde secret de l’artiste s’ouvrira à vous pour vous subjuguer, vous hypnotiser et vous engloutir peu à peu en douceur. Impossible d’y résister !

Car dans le monde de Françoiz Breut, on se lance à la conquête de la seule chose qui en vaille la peine : l’amour, le véritable, celui qui brille comme une étoile dans le ciel énigmatique où la lumière ne s’éteint jamais ;

Car dans le monde de Françoiz Breut, l’ombre est une douce amie, dont il ne faut avoir peur, puisque dans l’obscurité sont cachées toutes sortes de nuances et de tons inespérés ;

Car dans le monde de Françoiz Breut, on danse dans les bras des arbres, on y trouve un refuge à l’abri du vertige et des intempéries ;

Car dans le monde de Françoiz Breut, on s’échappe par le haut, vers des hauteurs insoupçonnées, pour défier la loi de la gravité ;

Car dans le monde de Françoiz Breut, l’humain est rare et réduit à la médiocre condition de web-addict, juste bon, à l’instar d’Adam et Eve, à provoquer la perte du jardin d’Eden.

Inquiets à l’idée de vous abandonner dans cet univers de poésie charnelle ? Rassurez-vous : la production impeccable de l’album se chargera de vous convaincre : que ce soit les choeurs célestes de A pic, les percussions lancinantes d’Écran total, le synthé et les cordes de La proie, tout est juste et pertinent, au total service des mélodies limpides (signées de Stéphane Daubersy) et de la voix claire et sensuelle de la chanteuse.

Zoo est une œuvre fort et unique. S’il fallait lui trouver des équivalents, on ira plutôt les chercher du côté du cinéma, dans les films animistes japonais de Shohei Imamura ou de Naomi Kawase. Des films de poètes chantant l’union de l’humain et de la nature qui l’entoure, la symbiose originelle qu’il faut s’efforcer de retrouver.

Si une œuvre est le reflet de son créateur, Françoiz Breut est une bien belle personne.

 

Françoiz Breut, Zoo, Caramel beurre salé 2016. Le site de Françoiz Breut, c’est ici. Image de prévisualisation YouTube

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