On va croire en la chance de Nicolas Michaux
Nicolas Michaux n’est pas un inconnu dans la gente chansonnière du plat pays. Le liégeois qui se lance à présent dans une carrière solo fut en effet, durant dix ans, le leader du groupe Été 67, qui eut jadis sa demi-heure de gloire (deux CD à son actif, un mini-tube, nombreux concerts…). C‘est donc armé d’un bagage non négligeable que l’artiste nous a concocté son retour sur le devant de la scène, qu’il a pris le temps de peaufiner, puisque la chanson annonciatrice de son album est sur Youtube depuis deux ans ! Tout vient à point à qui sait attendre…
Son premier essai s’intitule À la vie, à la mort. Pochette étrange (que fait exactement le sujet de la photo ?) pour un disque qui cultive son secret. Enregistrées entre 2011 et 2015 entre la Belgique, la Danemark et l’Italie, les dix chansons qui le composent ne sont pas de celles qui s’offrent à la première écoute, même si nombre d’entre elles reposent sur des mélodies en béton qui pourraient bien valoir leur pesant de tubes. Car ce sont bien la mélancolie et la nostalgie qui se logent en creux dans les textes – en français et anglais mêlés – , distillant leur pesant parfum. « Tu achètes en brocante/Des photos de vacances vécues par d’autres gens » (Nouveau départ), « Et le vent dans la plaine/Semble souffler pour rien/Vous ne vous envolez pas » (A la vie, à la mort), « Il nous reste une heure/ Alors j’aimerais danser et puis mourir avec vous » (Avec vous)… De la chanson ouverte aux grands espaces, sous influence sensible de Dominique A, qui porte au rêve et à l’ailleurs. De la chanson d’évocation, libre et en pointillés. Même si, détail amusant, au détour d’un vers, les racines du chanteur refont surface par effraction (seuls les belges descendent au paki ou parlent des navetteurs !).
Musicalement, la pop de Nicolas Michaux a parfois des relents 80’s (ah, la boîte à rythme du titre final Être deux ou de Le ciel) ou lorgne vers les Innocents, dans son efficace immédiateté. On pourra même trouver dans les guitares de la pièce maîtresse de l’album, Les îles désertes, des réminiscences de Melody Nelson. C’est dire si nous sommes entre gens de bonne compagnie.
De la bien belle ouvrage en définitive. L’artiste s’est donné le temps nécessaire pour polir son œuvre et nous délivrer au final un album magistral, pas loin de la perfection pop, à ranger dans sa discothèque entre le Post Partum des Innos et La Formule d’Hugo. Le métier ne s’y est pas trompé : signé sur le label Tôt ou Tard, gage de qualité s’il en est, ce premier CD a déjà permis à son auteur de figurer parmi les lauréats de l’Académie Charles Cros. Nul doute par ailleurs qu’il trônera dans les découvertes des prochaines Victoires. Ne reste plus qu’au grand public (et pas uniquement les amateurs de Bertrand Belin ou de Jean-Louis Murat) à donner à ce disque le succès qu’il mérite amplement. La balle est dans votre camp.
Nicolas Michaux, À la vie, à la mort, Tôt ou tard 2016. Le site de Nicolas Michaux, c’est ici.
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