ALto, escale sans cible
Ce week-end dernier, j’ai fait un tour au bord de la mer. Ecouter son ressac, le vent qui fait battre la voile et le doux cri de la mouette affamée.
Escale à Sète.
Georges dans son cimetière marin, Paul gravé aux pierres du vieux phare et toutes les mélodies que la mer a inspirées à plus d’un des grands noms de la chanson française (et d’ailleurs).
Puis là, au milieu des huîtres au petit vin blanc, des vieux gréements et des chants de marins du festival, une surprise à l’âme : ALto.
Ça commence sur des notes douces, un rythme sage, « juste des silences », ça s’enchaîne et s’entraîne aux tempos et aux mots passagers de tous genres et de tous transports…humains.
ALto, « chanson sensible », « des émotions ramenées de terre et de mer [par] une jeune femme qui chante l’amour, l’altérité accompagnée par des cordes qui s’envolent, un cuivre qui enveloppe, une batterie qui chamade » indique le programme. Ils sont quatre sur scène, une formation toute fraîche d’à peine un an sur des chansons qui n’attendaient qu’à sortir de leurs coquilles pour être dégustées non crues, rétractées sous le citron mais révélées de suaves saveurs instrumentales.
C’est sensible et encore fragile, surtout là dehors dans ce vent frisquet qui vous engourdit les doigts et éparpille un public mobile – un chien qui aboie en rythme et gamins aux fourmis dans les jambes. Mais ça nous dégourdit gaiement l’âme sans vague ni flottement, une bonne humeur et complicité transportant des textes aux notes douces-amères, jamais acides ni trop sucrées et surtout jamais clichés. A l’embouchure de la trompette ; du lancinant jazzant avec l’élégance du violon et le battement de la batterie qui soulignent, parfois joyeux, parfois poignant(ah, cet a capella qui vous scotche soudainement à votre siège improvisé !), des mots qui ont pris la couleur de la mer- jamais la même. Hommage rock à Charles ou samba à la vie, reprise pétillante de Sega Jacquot ou douce Rue de Paname, nous aussi on embarque sur ces textes qui donnent à sourire et à regarder ailleurs…ou ici, juste là, en nous.
Un certain romantisme « ce que je veux, c’est entrer dans le bleu de tes yeux » ou une tendre mélancolie « Poser mon image sur tes yeux pour te dire que je n’ai pas d’âge » avec une belle pointe d’ironie parfois à la crête d’une vague « des oiseaux…pétrole » ; c’est en tous cas exquis comme le parfum d’un lys et multivitaminé comme un planteur.
Bref, « Quel plaisir de voguer ainsi sur les ondes » (1) de ces quatre copains à la poésie qui nous chavire doucement les entrailles!
Un équipage à suivre !
(1) Brassens ! La page facebook de ALto, c’est ici. Hélas pas de vidéo disponible pour ce jeune groupe.
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