Eddy La Gooyatsh, le doux et le méchant
Un premier album en 2006, un autre en 2009 et puis, et puis plus rien si ce n’est un 4 titres en 2013, pour nous faire patienter. Demi-silence doublement rompu en fin 2015 par un livre-disque jeune public (M. le maudit, cf notre encadré ci-dessous) et par ce nouvel opus, Beaurivage, qui nous ferait déplorer le temps perdu, le manifeste manque à écouter. Bon, l’Eddy se rattrape, a mis un turbo dans son moteur, son électro-cardio est à son amplitude maxi, à savoir un son plus brut, des arrangements plus épurés, des guitares plus électriques encore, pour une même douceur un rien mélancolique, des chansons fragiles qui sont sa marque de fabrique. De la pop « mais avec du texte » lit-on sur l’argumentaire comme si c’était un prodige en 2016, mais c’est vrai que ça doit l’être…
Oui, des chansons chez l’Eddy. Pas de celles de circonstance, pas d’éclats de voix, mais l’observation poétique de notre quotidien, de notre environnement, de nos sentiments, de nos émotions. Un peu hors du temps, « au temps du joli temps… », celui « qui feint de n’être que de passage », hors des mouvements… Des chansons comme toujours contemplatives, comme des tableaux : un disque de La Gooyatsh est une cimaise, onze œuvres y sont cette fois accrochées. Lui se livre, s’ouvre, tourne les pages ; il regarde passer l’hiver en attendant le redoux : le paysage gèle et blanchit, la nature demi-sommeille et eux s’aiment à demi-mots… Tableaux non immobiles mais aux gestes lents, aux caresses qui semblent rivaliser avec l’éternité.
« De la dentelle et des paillettes / Pour qu’on s’endorme sur des promesses / De chants d’amour de jours meilleurs / De roses et toujours du baume au cœur. » De rose et de magnolia… for ever, intéressante reprise (en duo et en énergie avec Rodger N Furter) de notre fée électricité de la chanson, ce regretté Cloclo. De l’art de la reprise alternative…
C’est ainsi que l’on renoue avec le charme un temps interrompu d’Eddy la Gooyatsh, qu’on se rend compte qu’il nous avait manqué, qu’il a sa place dans la spectre de la chanson française. Tant qu’il nous serait indispensable. Bel album, oui. Beau doublé aussi si vous comptez M le méchant. Si le lire, c’est lire un livre pour enfants, l’écouter c’est aussi et encore du La Gooyatsh…
Eddy La Gooyatsh, Beaurivage, Artdisto/BMG/L’autre distribution 2016. Le site d’Eddy La Gooyatsh, c’est ici.
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