Ann’Clair, claire dans son je
Des « chansons iodées (livrées avec la marée) » dit-elle. Des chansons salées, ou dessalées, ajouterons-nous. Il suffit de regarder la pochette bien agitée dont le message ne semble pas si vague, puis d’écouter. La mère est agitée, dit-elle, qui dompte les flots et mate les matelots (non, il n’y a pas de marins dans ce disque, mais c’est pour l’image autant que pour la sonorité…). Anne-Claire Marin (Ann’Clair) a précédemment fait deux albums, en 1995 puis en 2005. Fidèle à son rythme, elle sort son troisième, mais pas sans avoir fait un gosse entretemps, gagnant ses galons de mère. Après la perte des eaux, la mère agitée, femme bousculée par les idées et qui les bouscule en retour, sans ménagement. On ne sait qui est le père mais à bien écouter Ann’Clair « l’homme que j’aime il est pas né / on peut pas l’voir à la télé / il n’pose pas dans les magazines… » On peut tenir ce disque et son livret pour mode d’emploi s’il nous vient l’envie, l’idée, la folie de postuler. Elle, est poupée russe où s’empilent et s’emboîtent : « La maman et la putain / La petite fille et ses refrains / La vieille qui sait tout de demain… » Elle, elle remonte le courant de ses rêves, fil de ses songes sans sens interdits. Elle, sait comment il faut s’y prendre avec elle : « Pour me plaire / T’as pas grand-chose à faire / Juste tourner les pages / De l’histoire lentement / Dans le temps des amants. » Même s’il ne faut que feuilleter l’opuscule, on se sent intimidé devant une telle furie qui, après l’enfantement, tient à assumer, à assurer sa sensualité. A plus encore la vivre, réajuster sa trajectoire, s’envoyer dans la septième stratosphère par un Voyage sidéral sidérant où l’homme ne peut qu’obéir, l’embarquant dans son orbite, redressant le manche et actionnant le bouton.
Dire qu’il n’y a pas cent ans, les dames de la chanson française étaient d’une soumission à nulle autre pareille. Sans avoir abdiqué nulle gouaille, celles de maintenant, Ann’Clair – en premier mais elle n’est pas la seule – la tourne tout autrement. C’est réjouissant !
C’est notre ami Éric Guilleton, qui cosigne trois des chansons de ce disque, qui nous a présenté Ann’Clair : qu’il en soit remercié.
Ann’Clair, Mère agitée, autoproduit 2015. La page facebook d’Ann’Clair, c’est ici. Pour écouter, c’est ici.
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