Barbara par Lou Casa : l’exemplaire reprise
Sauvé dans Lancer de disque
Tags: Barbara, Lou Casa, Nouvelles
Nous avons disserté il y a peu sur le disque de reprises de Barbara par le sieur Bruel. Discussion passionnée, sur ce site comme ailleurs, mais vaine, qui sans cesse revenait, comme un papier collant, vulgaire tue-mouches pour disque assassin.
Le regret c’est que, soyez en sûr, on ne consacrera pas autant d’énergie pour saluer comme il se doit, comme il se devrait d’être, le travail de Lou Casa. Lou Casa ? Un groupe à géométrie variable, pour l’heure un trio masculin composé de Julien Aellion (basse), Fred Casa (piano, orgue, percussions, chœurs) et Marc Casa (chant et direction).
De leur travail scénique sur Barbara ne nous parvient que cet EP, comprenant trois chansons de la longue dame brune (Perlimpinpin, Le bel âge et J’entends sonner les clairons), une de Brel que Barbara chanta (Sur la place) et deux autres dont Barbara signa (Tous les passants, paroles de Françoise Lo) ou co-signa la musique (La belle amour, paroles de Georges Bérard, musique que Charles Algarra et Barbara). C’est peu et terriblement frustrant. Mais suffisant pour se jurer mordicus d’aller voir Lou Casa en scène, toute affaire cessante.
La voix de Marc Casa est addition de frissons. Il ne clone pas Barbara, ne le fait pas sienne même si parfois il y a étrange et troublant mimétisme. Il happe ses mots légers comme une dentelle ciselée de grave. Les choie, les susurre, les chuchote, les distille. Les vers semblent ne pas toucher terre, ne pas en avoir le temps. Le propos est contenu qui va et vient, qui se presse au rythme des notes. De ce tango mâtiné de reggae dans Perlimpinpin. De cette valse enivrante Sur la place où se suivent des tableaux saisissants. Chaque couplet est mis en scène comme rarement, d’une puissance inégalée. J’ose : ni Brel ni Barbara n’ont su chanter cette chanson ainsi… L’orgue n’est pas pour rien dans cette interprétation quasi religieuse.
Il y a dans la voix de Marc Casa sinon la même fragilité que dans celle de Barbara, comme d’identiques fêlures, le même mystère, une comparable magie : « Je n’ai pas de lien exclusif voire confondant à sa personne, mais je me sens curieusement proche de sa sensibilité » dit Casa. Ce n’est pas simplement chanter (ça, tout le monde sait faire, même Bruel c’est dire), c’est fondre le verbe, la voix et l’émotion en un chant étonnant, irrésistible, que ne peut égaler que celui des sirènes.
A part Sur la place et Perlimpinpin, les titres sont peu connus si ce n’est des inconditionnels de la chanteuse. La belle amour est de 1957 : Casa nous donne à l’entendre comme si Barbara la chantait mais sans nous faire regretter que ce soit lui qui la chante. Propos osés de ma part ? Essayez Lou Casa, redonnez-vous, par ce groupe, l’envie d’écouter Barbara autrement. Et lavez l’affront Bruel.
Lou Casa, Chanson de Barbara, A ce jour, SPPF/Musicast 2016. Le site de Lou Casa, c’est ici.
Il ne s’agit pas cher Michel de « François » Lo, mais de Françoise Lo, qui s’est appelé ensuite « Sophie Makhno »… Elle a été la secrétaire de Barbara, un moment, comme Marie Chaix, plus tard…
Merci Jean pour ces précisions sur Françoise Lo. Comme quoi une faute de frappe peut apporter des infos, comme quoi nos lecteurs corrigent d’eux-mêmes.
Une Voix et une orchestration qui me donnent des frissons!
J’écoute et regarde les vidéos sans me lasser.
Merci pour la découverte.
Ce midi Mr Meyer a eu la très bonne idée de nous le présenter dans son émission » La prochaine fois je vous le chanterai «
Jolie interprétation de « Sur la place », c’est vrai. Mais à mes oreilles, la plus grande version de cette chanson reste celle d’Arthur H. Des frissons à chaque écoute.
https://www.youtube.com/watch?v=pVHwHpe9aJ4