Alex Bianchi, voix taverneuse à écouter sans modération
C’est une ode aux tavernes et sincèrement, on aura du mal dans cet album à en bien identifier les origines, les influences. Sauf peut-être à regarder, par défaut imaginer, le nom des pays, des crus, des distilleries et des brasseries sur les étiquettes de bouteilles de bières, de whiskys et autres breuvages qu’on sert en de tels lieux. Bianchi est italo-strasbourgeois, intéressante double nationalité, bons vins et bonnes bières. Mais son Homme des tavernes est de partout à la fois. Selon comment on dresse l’oreille, les sonorités vous suggèrent des villes et des alcools. Moi j’y sens parfois la Guiness mais pas que. Folk, blues ou rock, tout finit soul.
Toujours est-il que les tampons sur son passeport ressemblent plus à une collection de sous bocks. « C’est une ode à l’hédonisme, un projet qui fait l’éloge des endroits de rencontres, de vie, de lien social que sont les tavernes et qui chaque jour, malheureusement, mettent une à une la clé sous la porte. J’aimerais souligner au travers de ce projet à quel point notre société, repliée sur elle-même et ses machines technologiques, oublie le rôle crucial de ces espaces conviviaux d’échanges et de fêtes que sont les tavernes. Elles sont pourtant nécessaires à notre besoin vital de communion avec nos semblables. » déclame Bianchi qui, entre nous, n’a pas particulièrement à défendre son projet tant il nous est sympathique, indispensable même.
C’est une taverne donc, où l’homme du lieu chante des histoires de gens dans toutes les variantes de la vie. C’est parfois mélancolique (L’ancienne taverne), humain et tendre (l’évocation d’Angelina, Au loin), libertin (Les mains baladeuses)… C’est la vie telle qu’on se la raconte dans la légère ivresse d’une taverne. Telle qu’on se la chante aussi par cette voix tantôt crooneuse, tantôt caverneuse, enfumée mais toujours franche, avec un vieux fond d’accent rital. Avec des musiques piquantes qui, d’inspiration celte ou hispanisante, blues et folk-song, s’entourent de petits instruments sympas qui la colorent joyeusement même quand le ton est parfois à la mélancolie, qu’on voit le fond du verre. Et tout ça fait un très bel album.
Notons que sur ce disque, dans la taverne, il y a cet autre et vieux chanteur au visage d’Ange, ce Christian Décamps, dont Bianchi reprend La bête, accompagné par l’animal de scène (dès le mois prochain, Alex Bianchi sera de nouveau en première partie d’Ange en tournée).
Alex Bianchi, L’homme des tavernes, Ardisto/(rue stendhal) 2015. La page facebook d’Alex Bianchi, c’est ici.
J’adore cet article Michel, je vais de ce pas écouter les chansons de cet homme de tavernes et espère le voir sur scène bientôt dans une salle parisienne..