Cendrio, s’il faut vous parler de lui…
Un disque – là je parle des disques physiques – c’est un tout, dont la pochette et le livret font partie. On se dit qu’un beau visuel, élégant, original, peut favoriser l’acte d’achat. Mais là, sincèrement, quelle est la ménagère de moins de cinquante ans qui déposera dans son caddie un tel nombril, même pas celui d’une femme d’agent ? Car, pour son dernier album (sorti il y a un an, nous sommes hors actualité), Cendrio a voulu en illustrer la chanson-titre : Parlez-moi de moi. Illustrer au pied de la lettre le nombrilisme et se (faire) prendre (en photo) pour le nombril du disque n’est pas, il me semble, une bonne idée.
La bonne idée c’est ce qu’il y a dans le disque, qui oscille entre une chanson de bonne tenue et une honorable variété à la différence près que, dans la variété précisément, on utilise bien moins de mots. Et rarement des références culturelles : sans être une galerie du Louvre, ce disque nous entretient quand même de Giacometti et d’une Mona Lisa qui sourit. Sans être un livre d’Histoire, il nous parle de la Résistance (Résister, le combat des maquisards)… Sans être un précis de séduction, il nous décrit cette femme belle, si croquante et Al dente…
Ce n’est, comme souvent, qu’une addition de chansons qui n’ont, toutes, que l’excuse de l’émotion, de la restitution. Un bon et agréable millésime que celui-ci.
L’orchestration mériterait un traitement moins uniformément « rock » (guitare, guitare électrique, basse, synthé) appliqué systématiquement à chaque titre, dont certains appellent plus de douceur. Heureusement que parfois viennent violon et harmonica. Parmi les belles réussites de cet album, le Caresser la mer à l’accent très cabrélien. C’est par contre vers Renan Luce qu’on se tourne à l’écoute de L’étourdi, très agréable portrait de qui est étourdi, de Est-ce que les doudous vont au ciel ou d’Un homme libre (si, de Dimoné au fils Hallyday, ce titre n’avait été aussi pris, ça aurait pu faire un beau titre d’album d’autant que la chanson de Cendrio est très intéressante – voir vidéo ci-dessous) : ces comparaisons valent ici félicitations, car il n’y a pas que le timbre qui y fait songer…
Six albums pour pas loin de vingt ans d’activité, tel est pour l’heure le bilan de Cendrio, chanteur dont la zone de chalandise se situe entre Cévennes et Toscane, parfois plus loin au gré des rencontres, des invitations. On l’a vu en solo, en duo. En des formations plus amples aussi, selon les opportunités.
Cendrio, Parlez-moi de moi, autoproduction 2014. Le site de Cendrio, c’est ici.
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