Mie croque sa Pomme en livrant ses chansons
Ça fait quand même une paille qu’Éric Mie fait des p’tites chansons et nous les chante. Des trucs sur ses origines : Lunéville, Saverne, Haigueville : eh oui, Je viens de l’Est. En revanche, En passant par la Lorraine c’est pas lui même s’il a une bouille à parfois porter des sabots. Des trucs d’énervé aussi, d’homme engagé, de citoyen lambda qui observe et restitue : là il nous parle de fric, de misère, d’exclusion, de mal-être, de mal-vivre, de cons et de prétendants présidents, en fait de tout ce qui est haïssable et, croyez-moi, ça lui fait de la matière à chansons. Ça fait des rimes riches, à la langue chargée. Il y a ça, et puis des contes, des fables. Et des trucs d’obsédé, à jouir dans une église : des sur la pilosité (« celles qui s’épilent / je les efface » menace-t-il de sa gomme), les jupons entr’ouverts et ce cul oh ! ce cul… D’autres encore qui se croient drôles, ou se présentent comme philosophique… Bref, pleins de chansons. Chanteur, il en a fait logiquement de beaux et bons albums.
Je dis chanteur parce qu’il sait faire plein d’autres choses de métiers : on vous en déjà parlé, c’est ici. Il est, par exemple, dessinateur. Que voulez-vous, quand la muse des arts vous tient… Tiens, parlant de muse, connaissez-vous Pomme ? C’est sa muse ! Lui s’amuse a la dessiner de partout. Toujours pudique, Pomme, toujours en collants rayés, le reste à l’air. Bien en chair, elle aime s’exhiber. Ses seins, son ventre, sa toison, toujours son cul. A croire qu’il l’a toujours dessinée, même petit ; dans la marge de ses cahiers, au dos de ses déclarations d’impôts, sur ses p.v ., sur chaque lé de son papier peint…
Là, Mie vient de sortir un recueil d’une partie de ses chansons, 73 textes. Les pages pourraient être sobres, célébrant l’hyménée des vers et de la sage typographie. Bien non : Pomme y est partout, avec ses bas, sans le haut, dans toutes les positions possibles, des plus désirables aux plus suggestives. Mie est ainsi qui donne envie. De fait ça fait double lecture : la belle et impudique Pomme et ces textes sans musique qu’on prend la temps de bien lire, de s’en délecter, tout en matant les courbes de la dame.
« Ça gratte, ça titille, ça torpille et ça grince, bref ça fait du bien là où le monde a mal. Caustique, polisson, mais jamais policé, il est férocement drôle, indomptablement libre et farouchement tendre » note Agnès Bihl dans une réjouissante préface qui montre à quel point elle connaît et apprécie le bonhomme. Et Pomme, qui pourtant est brune. Bihl serait-elle une fausse blonde ?
Éric Mie, Si tu veux te changer en gomme, Les Éditions de la Pigne, 2015. 10€. Le site d’Éric Mie c’est ici. En vidéo, un vieux reportage certes, mais beau portrait d’Éric Mie.
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