Mael Bleiz, chansons d’exil
On ne sait pas grand chose de Mael Bleiz, si ce n’est qu’il est né à Nantes, a étudié la littérature moderne à Lyon puis la traduction littéraire à Strasbourg avant de vivre en Andalousie, en Irlande et désormais, depuis cinq ans, à Vienne, en Autriche. Cet européen pratiquant l’Europe écrit des « textes rimés sous forme de chansons, de poésies ou de fabliaux » qu’il publie sur son site, Le fabliau moderne.
Il chante en quatre langues. En français, en anglais, en allemand, en espagnol. Et a des influences musicales multiples parmi lesquelles il aime citer les musiques traditionnelles et le jazz manouche.
Quatre titres en français sur ce cédé, dont un Tous derrière très coquin sur l’air du Petit cheval de Georges Brassens : « Je veux aimer ton petit cul blanc / Par derrière et par devant… » La chanson de corps de garde s’étiolant, il est réjouissant de découvrir parfois de nouvelles pièces et, on l’imagine, de si belles fesses. Du Bleiz sans draps ? Non, simplement la réhabilitation des fabliaux très en vogue avant la Renaissance, en tous cas de textes qui s’en inspirent, obscénité et morale inclues.
La chanson de Mael Bleiz épouse une forme très classique, qu’on imagine tant fredonner des couplets moyenâgeux que une voix ferme, assurée, comme peut l’être celle de Le Forestier. Une chanson qui semble à l’aise autant sur disque que dans une soirée, sur scène comme au coin du feu. Une chanson qui, pour ce qu’on en comprend (désolé, je ne suis ni bi ni trilingue), aime la fable dans laquelle elle se réfugie, que ce soit pour conter les amours impossibles de deux grains de raisin (« Comment pourrait-on s’accoupler / S’aimer sous la voute étoilée / Si tu n’as de col pour jaillir / Ni moi de coupe où t’accueillir ? ») ou nous narrer les avantages (si vous saviez vous en seriez jaloux) d’un eunuque dans un sérail. C’est en listant ces chansons que je m’aperçois que le diantre ne sait vraiment parler que d’amour, à sa manière certes, moins conventionnelle bien entendu. Ce n’est sans doute pas pour rien qu’il s’est permis de travestir une chanson du père Brassens.
Bleiz se permet même d’autres fabliaux dont on peut se délecter sur son site, qui toujours cultivent l’amour de la langue, lui qui en parle beaucoup.
En allemand, en anglais ou en français, ses chansons valent pareillement l’écoute. On découvre surtout à cette occasion un auteur-compositeur-interprète attachant, envoyé volontaire sur le front de la francophonie, dans un art exemplaire tiré de bien loin, des presque origines de la Chanson qu’il prolonge dans notre contemporain. Une des bien belles surprises de cette année.
Mael Bleiz, éponyme, autoproduit 2015. Le site de Mael Bleiz, c’est ici.
Séduisant ce chanteur là, captivant. En effet moyenâgeux dans l’âme si on se tient à cette vidéo et à ce qu’on peut peut entendre sur son site. Tourne-t-il parfois en France, dans sa région d’origine et ailleurs ?
Jolie chanson sur un eunuque, qui seul pénètre le sérail… Simple, sympa, frais, ça nous change des insupportables chansons à la radio qui se ressemblent toutes.