Audiberti-Nougaro-Pagès : ça sonne et ça fait mouche !
par Marie Croix,
Depuis sa création en mars dernier, le public de « Audiberti-Nougaro/ Le poète connaît la musique », le dernier spectacle de Frédéric Pagès, ne cesse de grandir. Dimanche dernier c’était salle comble au Studio Raspail à Paris. Outre l’enthousiasme habituel il y avait ce « quelque chose en plus » de ferveur dû aux circonstances. Entre état d’urgence et COP 21, on sentait que les spectateurs avaient mis un point d’honneur à venir.
Le concert enchaîne et marie très agréablement chansons, textes et récits de vie savoureux qui illustrent l’extraordinaire complicité artistique d’Audiberti et Nougaro. Les musiciens sont exceptionnels, davantage partenaires qu’accompagnateurs, et Gaëlle Cotte, choriste et co-chanteuse, est stupéfiante. Son interprétation de L’amour sorcier fait peur tant elle est forte. Et puis Frédéric Pagès, chanteur-conteur, sait emmener son public très loin dans son voyage : les femmes, le rythme, le mal… et donne des versions très musicales des chansons de Nougaro sans jamais chercher à l’imiter. Il introduit aussi quelques compositions personnelles (Oh qu’un vieil autocar !, Farouche, Café Poussière…) qui ne déparent pas dans l’ensemble. On redécouvre Nougaro à la lumière d’Audiberti à moins que ça ne soit le contraire. Et au passage, pour ceux qui ne le connaissaient pas, on rencontre un écrivain fabuleux (Audiberti) dont la langue « sonne » et fait mouche : Chancharimaïla, Les Filatures, Monorail…, autant de textes étourdissants de virtuosité poétique, des presque-chansons, un verbe-sorcier.
Les réactions du public, glanées ça et là traduisent bien la forme d’enchantement que procure ce concert : « L’alchimie fonctionne à plein entre l’histoire racontée et les chansons »… « Un spectacle qui fait du bien…surtout par les temps qui courent »… Un africain présent parle de griot, de « la parole qui charme et qui enseigne, d’un Grand Récit qui ouvre des portes intérieures et qui fait grandir l’être »… « On se sent comme personnellement invité à un festin de mots et de notes, d’intelligence et de sensibilité. »
Après avoir été donné à Paris, Âpremont et Antibes, « Audiberti-Nougaro » mérite maintenant de tourner, de trouver son public, un public large car ce concert, à la fois exigeant et très accessible, touche au cœur le spectateur.
Le site de Frédéric Pagès, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
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