Régine, derrière la reine de la nuit, la chanteuse
Qui a chanté tant Serge Gainsbourg (Les ptits papiers, Ouvre la bouche ferme les yeux, Si t’attends qu’les diamants t’sautent au cou et pas mal d’autres), que Patrick Modiano et Hugues de Courson (ex Malicorne), Serge Lama, Barbara, Henri Tachan, Renaud (on parle du chanteur énervant, pas de Line Renaud), Françoise Sagan, Jean-Loup Dabadie, Franck Thomas ou Claude Lanzmann (liste non exhaustive) ? Régine, la grande Zoa au boa ! Une intelligente compilation de cinquante titres lui rend justice en nous la présentant en un florilège très flatteur, loin de toute caricature.
Car que retenons-nous de cette chanteuse si ce n’est l’idée de soirées excentriques de la jet set, du tout Paris, immortalisées sur le papier glacé de Paris-Match ou de Point de vue, depuis bien avant que le terme people ne s’impose pour qualifier cette presse ? « Reine de la nuit », elle anima jusqu’à vingt discothèques simultanément à Paris, Saint-Tropez et de par le monde. Et le monde y venait, mondain comme il se doit.
Que reste-t-il de Régine dans nos mémoires ? Cette femme d’affaire qui fut même un temps propriétaire du Palace ou cette chanteuse dont nous ne retenons vraiment que quelques titres, surgis de la nuit des temps, des archives télé des Carpentier ou de Guy Lux : Les p’tits papiers, Azzurro, La Grande Zoa ou Patchouli-chinchilla ?
Cette utile compile nous remet les pendules à l’heure, nous restituant belle part de cette chanteuse au goût sûr et à l’interprétation franche, chaleureuse. Ça nous permet aussi de gommer cette idée de « variété » (qu’on associe trop souvent à indigence et futilité, médiocrité aussi). Au demeurant, on se dit que tant de belles plumes n’ont pu commettre toutes à la fois et pour la même interprète que des niaiseries, des fadaises.
Trois duos en cette sélection : avec Boy George (J’ai toujours porté bonheur aux hommes), Paolo Conte (Azzurro) et Fanny Ardant (My yiddishe momme). Un inédit (De ma p’tite poule à mademoiselle), des titres à faire sourire, d’autres à faire rougir, du sentiment et des contrariétés, de la nostalgie, de l’énergie et du ciel bleu, de l’humour aussi comme ce Pourquoi un pyjama ? Un peu toutes les couleurs de la chanson.
En simultané sort un livre d’entretiens (par Henry-Jean Servat) et de souvenirs photographiques des soirées de la Reine de la nuit. Le livre reprend le visuel du coffret. En fait de livre, ce sont tout au plus l’équivalent de six pleines pages d’interview, pour 150 pages d’un album photographique qui ravira les lecteurs des magazines people (et guère qu’eux) : c’est vrai qu’il y a du beau monde sur les photos mais quand même… Difficile d’appeler ça un livre (une grosse plaquette truffée de photos qui souvent font clichés ?), bien que ce soit plus facile à lire.
A presque 86 ans, forte de ce très intéressant rappel discographique et de ce bien maigre livre, Régine s’apprête à remonter sur scène pour y faire florilège de ses plus grands succès. La Parisienne fera un large tour de France qui débutera le 15 novembre 2015 par Montpellier pour s’achever le 9 avril 2016 à Bordeaux.
Régine, Les 50 plus belles chansons, Mercury/Universal 2015 ; Mes nuits, mes rencontres, Hors Collection 2015, 160 pages – 24,90 €. La page Wikipédia sur Régine, c’est ici.
Maitre Kemper aurait-il abusé de la régine de Cannes, ah bis…
En tout cas, sympa, cette petite nécro. Quoi..? Pardon..? Oups, pardon !
J’avais, je peux le dire, quelques a priori quant à Régine, des idées toutes faites. Et tout de même un peu de curiosité. C’est dire ma curiosité. Eh ben, c’est bien, bien fait, beaux textes pour la plupart. Et bien chanté. Que dire, c’est de la chanson, de la vraie, avec une interprète qui rend hommage à ce qu’elle chante. Respect. Sincèrement dommage qu’elle ne passe pas dans mon Zénith de proximité : faut qu’elle revoie sa feuille de route.