Festi’Scrib, la chanson bat la campagne
17 octobre 2015 Festi’Scrib, 4ème édition, organisée par l’association La Voix du Scribe, Banat (Tarascon-sur-Ariège) : Miss Rosy, Marnamaï, Baptiste Daleman Émilie Marsh,
On doute, on est chagrin souvent quand on parle Chanson. Et pourtant elle a de précieux soutiens. Partout, tout le temps. Ce rendez-vous là n’est pas fait pour nous démentir.
Ici, au village de Banat en Ariège, aux portes de la Haute-Ariège, elle a trouvé son égérie. Il en faudrait beaucoup pour faire taire cette femme, militante avant tout, passionnée par tout ce qui peut rendre nos vies un peu moins injustes. Florence Cortès, d’abord écrivain public, mais aussi éditrice, productrice à l’occasion (comme pour l’album de Baptiste Daleman) n’est pas totalement inconnue de ceux qui connaissent d’un peu près le Pic d’or à Tarbes, ou le festival DécOuvrir à Concèze. Alors on ne sera pas étonné non plus de trouver là, dans ce lieu improbable, ignoré de la Chanson toulousaine si engagée pourtant, Thierry Cadet et son inséparable caméra. On se prend à rêver que sur ce territoire encore nommé Midi-Pyrénées, territoire de Détours de Chant, Pause Guitare, Alors Chante, Festival de la Voix, Chantons sous les toits, café Plum, « Chez ta mère », le Bijou… on parvienne un jour à rassembler les énergies et les idées aussi ! Quel dommage que ce soit si difficile de créer une synergie, de fédérer les initiatives !
Laissons un temps nos regrets pour regarder d’un peu plus près ce qui se passe ici. Trois concerts sont proposés par Florence Cortès et son association, un soir où le XV de France s’apprête à vivre l’une de ses plus cuisantes défaites face à la Nouvelle-Zélande. En terre de Rugby, c’est déjà un exploit – ou une folie ? – de tenter l’aventure d’un spectacle, quel qu’il soit !
Une jeune émule de Zaz – du moins on l’imagine – s’empare d’abord de la scène avec une bande enregistrée, ce qui déjà nous rend dubitatif : Miss Rosy venue de Tarbes. Elle a déjà clip, album, produits dérivés… bien avant d’avoir appris vraiment à écrire une chanson. Bien sûr, elle est touchante de sincérité, émouvante aussi. On devine la galère, les souffrances de sa jeune vie. Mais on aimerait lui expliquer qu’il ne suffit pas de se dire « sensible, engagée, entière » pour devenir une artiste.
Le quartet pop-rock qui vient ensuite, Marnamaï, n’a pas fait grande route. Il est du crû. Et là, c’est franchement une belle découverte. On pourrait bien revoir très vite ce tout jeune groupe autour de David son auteur compositeur chanteur. Un grand gars, au visage bruni des rivages de la méditerranée, bien qu’un peu trop fermé au public – excès de réserve, timidité ? – offre des textes percutants, d’une voix profonde qui n’est pas sans rappeler Bernard Lavilliers. On le sent déterminé à ne pas faire dans la bluette, même à contre courant : « Je chante à contre temps / Je ne peux faire autrement ». Et lorsqu’il chante pour Rosa Luxembourg ou nous offre en conclusion de son passage un texte de Colette Magny, que voulez-vous, on est définitivement persuadé qu’il se passe quelque chose ce soir dans cette terre d’Ariège.
Baptiste Daleman offrira un interlude de trois chansons, dont une en basque, sa terre d’origine, le temps de nous révéler, bien mieux que lors de son passage au Pic d’or, un tempérament d’artiste ardent, chaleureux, à la recherche d’un authentique partage. Et c’est Émilie Marsh qui conclut dans un solo où ses textes et sa voix gagnent en efficacité. Elle nous convaincrait définitivement de son talent, si ce n’était déjà fait.
Le site d’Émilie Marsh, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.
Et c’est avec son brio coutumier que la belle Emilie Marsh a accompagné sur scène la flamboyante Morissette, laquelle vient de se propulser en finale dudit Tremplin Vive la Reprise. Gageons que nous en reparlerons bien vite…