Les Frères Jacques, nouveaux regards signés Dufour et Corréa
Animateur culturel devenu le manager et ami de Félix Leclerc, Bernard Haller, Yves Duteil, Francis Lemarque et Jean-Pierre Chabrol, Jean Dufour a aussi été le secrétaire de Raymond Devos. Il est comme peu d’autres la mémoire vivante de ce qu’est (que fut ?) l’éducation populaire. Tout ça fait de lui un avis autorisé, compétent et impliqué pour nous parler des Frères Jacques, quatuor né au sein de Travail et Culture et des Comédiens routiers, mouvements d’éducation populaire, ces quatre mousquetaires de la chanson qui furent cinq. Six si on se rappelle que ce quatuor eut deux pianistes, d’abord Pierre Philippe puis Hubert Degex.
Ce livre, c’est à l’origine une idée, quasi une commande, de Paul Tourenne, le frère Jacques survivant, qui désirait un livre intime, vu de l’intérieur et sans photos. Commande passée à Jean Dufour, dont Tourenne avait apprécié le livre Portraits volés. Parce qu’aucun éditeur sérieux ne miserait le moindre sou sur un livre traitant de ces quatre singuliers chanteurs en gilets de couleur et collants noirs, l’ouvrage de Dufour n’a pu voir le jour, publié par la toute jeune maison d’éditions Trace ta vie dont c’est le premier livre, que grâce à une souscription. Ça nous vaut un bel ouvrage, très classique dans sa présentation et sa sage typographie, très classieux par son contenu.
Avant de lire, on feuillette. Et c’est là le premier charme de ce livre. Une vingtaine de dessins inédits de José Corréa, dans l’esprit et la tradition des Frères Jacques. La « tradition » car rarement un artiste – à plus forte raison quatre -, n’a été plus souvent croqué que ceux-là. Par Jean-Denis Malclès (costumier, c’est lui qui dessina les tenues des Frères Jacques), Chaval, Ronald Searle, Pierre Etaix, Moretti, Desclozeaux, Bib, Pol Ferjac, Raymond Peynet, Maurice Henry, Mose… Désormais par Corréa, qui lui aussi fait siens les codes graphiques de ces frères qui sans cesse font le Jacques.
Dufour ne cache pas son admiration pour cette « jacquerie » en chanson, ce quatuor vocal originellement destiné à mettre en scène des chansons du folklore et à donner des cours de mise en scène dans les comités d’entreprise. On connaît la brillante suite. De la formation du groupe au printemps 1945 (qui, au départ, n’a même pas de nom) à l’hommage qui leur fut consacré pour leur 50e anniversaire au Casino de Paris, Dufour nous narre l’épopée d’André et Georges Bellec, François Soubeyran et Paul Tourenne. Et convoque la mémoire et/ou le témoignage d’une foule de gens parmi lesquels Yves Robert, Francis Blanche, Pierre Tchernia, Jacques Canetti, Yvan Audouard, Edgar Morin… Même Philippe Meyer qui révèle ne pas avoir caressé de rêve plus ambitieux que de sauter en scène pour remplacer un des Frères Jacques…
« L’aventure des Frères Jacques a résisté à l’épreuve du temps, commente Jean-Jacques Wuillaume, l’éditeur. L’étendue et la singularité de leur répertoire sont imprégnées d’espièglerie et d’un climat poétique enrichi par une mise en scène qui emprunte au mime et à la musique. L’ouvrage ouvre des espaces que la mémoire seule pouvait protéger. » Beau livre qui touche à l’intime, au cœur de ce quatuor dans leur vie de saltimbanques, pour lequel Jean Dufour a rejoint Paul Tourenne au Québec afin d’en recueillir la substance, les doux souvenirs.
Nous ne saurions que vous conseiller de le feuilleter en écoutant l’œuvre des Frères Jacques (l’essentiel de leur discographie est chez Rym-Musique). Ou en regardant le double dévédé Les Frères Jacques paru en 2004 chez Rym-Musique.
Jean Dufour et José Corréa, Les Frères Jacques, un nouveau regard, Éditions Trace ta vie, 2015. A commander sur le site de l’éditeur : 39€ + 4,86€ de frais de port. http://www.dailymotion.com/video/xd52tj
Je ne me lasserai jamais de les écouter, et de les voir.
j’ai la chance d’avoir ce DVD paru en 2004.
Aux amoureux des « Frères jacques » n’hésitez pas à vous le procurer.
Mr Philippe Meyer les aime lui aussi, et il ne les oublie pas.
Régulièrement nous avons la chance de les entendre dans son émission « La prochaine fois je vous le chanterai ».
Merci pour ce nouveau regard.