Pour la diversité de la chanson française à la radio (sans rire !)
Si j’ai bien compris, les radios privées sont vent debout contre ces quotas qui leur imposent 40% de chanson française (donc de 60% qui ne l’est pas), au prétexte qu’il y a de moins en moins de nouveautés en ce domaine, que l’offre s’effondre (lire ici l’article du quotidien Libération à ce sujet). C’est marrant, parce que ma boîte aux lettres me dit exactement le contraire : nous ne devons pas recevoir les mêmes disques. Ces radios veulent diffuser de plus en plus de chansons anglo-saxonnes et les gros labels, il est vrai, les fournissent à profusion en ce sens. Au cas où, on trouve même de plus en plus d’artistes – nous l’avons vu récemment entre autre avec Cœur de pirate – à nous concocter des albums mi-français mi amerloques, gagnants sur les deux tableaux.
La chanson d’expression française est, on le sait, divisée en deux parties inégales. Celle, minoritaire, qui a large accès aux médias. Elle est en général issue de la grosse industrie discographique. Et celle, ultra-majoritaire, sans moyen, sans relais médiatiques d’importance, muselée, en constante survie, en voie de disparition.
Celle qui a l’honneur des radios et télés y passe, y repasse en boucle, ad vitam nauseam. Jusqu’à ce jour, ça ne gênaient pas grand monde, si ce n’est les artistes condamnés au silence. Et quand on interpelle les politiques sur la misère de la chanson, ceux-ci invariablement répondent que la chanson a pour elle le showbiz : qu’elle se démerde avec !
Notons que la situation est tout à faite différente pour le théâtre, séparé entre le théâtre subventionné, nettement plus exigeant (et qui notamment fait vivre le patrimoine), et le théâtre public qui est plus le domaine d’entrepreneurs indépendants et responsables, soumis en principe à la seule sanction du marché, donc nettement plus enclins à produire des pièces plus populaires, plus faciles. En chanson c’est le contraire : c’est majoritairement le grand public, le plus facile, le plus populaire, qui est subventionné, directement (subventions aux grands festivals) ou indirectement (financement d’équipements et accès extrêmement privilégié aux grands médias).
Au 7e art, la notion de cinéma d’auteur ou cinéma de recherche valent subventions et avantages. En chanson, être « d’auteur » ou « de recherche » équivaut au total bannissement.
Alors, saluons (et espérons que cela ne reste pas lettre morte, pieuse mais vaine résolution) les députés français qui viennent d’adopter en commission un amendement au projet de loi sur la liberté de création qui prévoit des mesures pour que les mêmes tubes francophones ne tournent pas en boucle sur les radios. Car 10 titres francophones peuvent représenter jusqu’à 75% des diffusions francophones mensuelles, ce qui restreint d’autant les chances « d’autres nouveaux talents de rencontrer leur public ».
L’amendement prévoit que si plus de la moitié des diffusions de chansons francophones est concentrée sur dix titres, les diffusions de ces titres au delà de 50% ne seront plus prises en compte pour les quotas imposés. Et toc !
Nos députés ont également adopté d’autres amendements, dont un qui propose d’étendre le champ des actions financées par la redevance copie privée au « développement de l’éducation artistique et culturelle. » Cette extension permettant « de diffuser plus massivement les pratiques artistiques auprès de tous les publics. » Et un autre qui met l’accent sur l’importance de l’éducation artistique, pourtant bien attaqué ces derniers temps par l’actuel gouvernement de gauche.
il faudrait surtout que les radios passent aussi les autoproductions d’artistes qui chantent en français. sinon, on aura toujours droit à plus ou moins la même chose.