Emmanuel Della Torre, qui vaut son détour
Ne rien savoir sur l’artiste dont on pose le disque sur la platine… Touche play. Forcément une découverte. La voix est forte, claire, distincte, modulée par des intonations qui parfois nous évoquent des inspirations, des noms de rockeurs. Chaque mot est audible même s’il y a de la musique derrière, et de la bonne : guitares acoustiques dont les cordes crissent sous les doigts, guitare électrique, violon, contrebasse, percussions… Et cette batterie très présente sur certains titres mais qui jamais ne prend le pas : c’est utile que le percussionniste (Renaud Lemaître) officie aussi à l’enregistrement et au mixage… Ça fait bien longtemps que la plupart des douze titres de ce Détour intérieur étaient en attente : six d’entre eux avaient fait l’objet d’un ep promotionnel il y a trois ans. L’attente est récompensée par cet album estimable, le troisième en dix ans pour Emmanuel Della Torre.
D’un titre l’autre, on va du folk roots à la pop, au rock. Tout est agréable mélodie où se posent des vers qui savent décrire des lieux, des situations, des états d’esprits pas toujours tranquille : « Orage en moi, ô rage / Je crache du sang du langage. »
Enfant de la balle (« Gentleman troubadour / Jouant la sérénade sur du velours », lyonnais d’origine italienne, « rimeur de fond », Della Torre se dit être « artisan, parfois un artisan d’art. De temps à autres besogneux, souvent enflammé, toujours passionné » qui « écris, chante et enregistre pour souligner mes intentions, signer mes perceptions, soigner mes déceptions… ».
« Je suis tu es on est / Le double de nous-même / Le contraire de soi-même » Les chansons de Della Torre nous parlent de la vie – la sienne – et du monde, par le truchement de métaphores, d’images : « Je rêve, je crève, je m’éternise / Et je déraille / Libre en l’espace / Je spleen, transforme, cartonne, rêve / Et recycle ma ferraille. » Une chanson séduisante et fluide, qui s’amuse à explorer le dedans, en tours et Détour intérieur(s). Intéressant voyage dans cette dimension.
Emmanuel Della Torre, Détour intérieur, autoproduit 2015. Le site d’Emmanuel Della Torre c’est ici.
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