Tri Yann, quarante-cinq ans déjà
Vaste compilation (deux disques, trente-quatre plages) non de titres originaux mais en public (on ne sait par contre les lieux d’enregistre- ment, dommage car le livret est plutôt bien documenté) qui survole intelligemment quarante-cinq ans de Tri Yann. Ce n’est pas la première compile (avec eux on ne les compte d’ailleurs même plus) mais, quitte à faire, vous pouvez vous laisser séduire par celle-ci.
Les versions sont parfois très différentes de celles en studio et si peu que vous ayez déjà vu nos trois Jean de Nantes (eux et leurs copains) en scène, les images qui font défaut vous viendront naturellement. Avec l’exubérance et le faste qui sied à nos Tri Yann.
Si les publics de Renaud et de Tri Yann peuvent différer et possiblement s’ignorer, ils trouveront là un agréable terrain d’entente avec un des trois inédits de ce pressage : La mer est sans fin. Que vous connaissez aussi (et entre autres) sous le titre La ballade nord-irlandaise, interprété par le chanteur autoproclamé énervant. Là, la traduction tout à fait personnelle de ce standard irlandais se voit adjoindre la participation de la bretonne Clarisse Lavanant. Qui nous ferait presque regretter que Tri Yann ne soit qu’un groupe masculin (savez-vous d’ailleurs que Tri Yann connut en 1980 une chanteuse, en lieu de place de Jean-Paul Corbineau, parti un temps voir si l’herbe était plus verte ailleurs, et vite revenu ?).
Parfois, les huit du groupe sont complétés par des chanteurs et formations de rencontre, ouvrant d’autres et intéressantes perspectives. Juré que ça ne fait pas doublon avec votre collection d’enregistrements originaux.
Les deux autres inédits sont Y’a trente marins sur la mer, une marine de terre-neuvas qui leur sied à merveille, et République, Liberté, chanson de circonstance qui, sur l’air d’un de leur précédent titre, revient sur le massacre de Charlie-Hebdo et rend hommage au fier équipage de ce bateau de papier dessiné : « C’est un libre équipage / Sans maître à le mener / Mais des fous d’un autre âge / Les avaient condamnés / De crier à l’outrage / Par les armes à venger / Ils ont tué l’équipage / N’ont pu brûler le papier / Tous les beffrois de France / De se mettre à sonner. »
Tri Yann, Les incontournables 1970-2015, [Pias] Marzelle 2015. Le site de Tri Yann, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de ce groupe, c’est là.
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