Barjac 2015. Un léger coup de Gryf’‘

Gryf sur la scène de Barjac © 2015. Photos Anne-Marie Panigada

À l’image de François Gaillard qui se présenta sur la scène comme un trublion, le vent du soir sur Barjac était fort espiègle et malmenait cette éolienne emblématique sous laquelle Gryf avait planté son bivouac pour un bout de voyage.

Gryf, c’est d’abord un projet, toujours en mouvement qui, à peine construit avec un album en fanfare sorti en juin, se transforme aujourd’hui sur scène en trio avec François Gaillard (chant, accordéon), Denis Hénault-Parizel (contrebasse) et Mikaël Cointepas (batterie).

François est un saltimbanque, un chanteur nomade, capable de « traverser la scène à la rage », qui a fait cette fois le choix de nous inviter « sur la route » de campements éphémères en étapes ponctuées de colères, de coups de gueule, de tendresse aussi.

Dès la première chanson, le décor est campé : la route, la nuit étoilée, le feu de camp improvisé et cette liberté du « vagabondage ». Quoi d’étonnant alors que les chansons soient ici ponctuées d’extraits du roman de Jack Kérouac, de dialogues entre lui et Neal Cassady. Ces « clochards célestes » seront le fil conducteur du spectacle.

La parenté m’a semblé évidente entre ces « voyageurs » qui se répondaient à travers les années : même révolte contre le système, ses pièges et ses récupérations (ça m’énerve), même ironie devant le quotidien et ses embuches (Sale petite journée), même quête des racines, même recherche de l’image du père (Les grandes séparations).

Pourtant, force est de constater que le public n’a pas totalement adhéré à ce coup de Gryf ! Est-ce la durée du spectacle bien court – première partie oblige – qui laisse peu de temps pour installer un climat ? La technique et la mise en place scénique toute vouée à la seconde partie, mettant Gryf à la marge d’un concert Jamait/Tachan fort attendu ? La spontanéité d’une formule qui se cherche peut-être encore ? Ou l’absence de références sur Kerouac, loin de celles du public Barjacois ?

Rien à dire cependant de l’interprétation de François, toute en fraîcheur, énergie, générosité, ni de ses musiciens remarquables. Juste l’envie de poursuivre le voyage et de se laisser embarquer avec eux de nouveau. « Sur la route », une route toujours changeante, jamais figée.

Alors pour les saluer tous deux, François et Jack voici, empruntée à ce dernier, cette citation qui me semble dans l’esprit de ce spectacle : « Les fous, les marginaux, les rebelles, les anticonformistes, les dissidents… Tous ceux qui voient les choses différemment, qui ne respectent pas les règles. Vous pouvez les admirez ou les désapprouver, les glorifier ou les dénigrer. Mais vous ne pouvez pas les ignorer. Car ils changent les choses. Ils inventent, ils imaginent, ils explorent. Ils créent, ils inspirent. Ils font avancer l’humanité. Là où certains ne voient que folie, nous voyons du génie. Car seuls ceux qui sont assez fous pour penser qu’ils peuvent changer le monde y parviennent. »

Le site de Gryf, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Gryf/François Gaillard, c’est là.