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Zaza Fournier, du rouge au cœur

Zaza Fournier (photo David Desrumeaux / Hexagone)

Zaza Fournier (photo David Desrumeaux / Hexagone)

22 juillet 2015, L’arrache-cœur Avignon off 2015.

 

Zaza fait partie de cette jeune génération féminine qui relève le flambeau et le défi de la chanson avec honneur, dans une fusion réussie entre pop, électronique, rythmes du monde et chanson des rues. La belle promène son accordéon noir aux boutons de nacres aux confins de la poésie et de l’analyse psychologique. Car les chansonnettes qu’elle interprète gaiement d’une voix claire aux accents parfois voilés n’ont rien de la bluette. On s’y pose des questions sous des mots simples seulement en apparence.

Ça tombe bien en ce moment, madmoiz’elle Zaza se pose des questions sur le genre. Mais pas que. Il y a Garçon, où elle semble envier le sort des jeunes mâles. Tout comme Sylvie Vartan et son Comme un garçon (on y retrouve le blouson.) Ou Si j’étais un homme, de Diane Tell. Mais il n’en est rien. C’est plus une remise en cause des attendus de la société par rapport aux sexes. Et il est encore plus dur pour un garçon de se maquiller pour ressembler à une fille et de se faire appeler Mademoiselle « Une vraie femme doit rester pudique ! » Et puis la voici mélancolique, dans l’attente sous ses Paupières closes du retour hypothétique de celui qui est parti, jouant les back-street en préparant un nid d’amour en Pénélope patiente et espérante…

Son compagnon de scène, MaJiKer, qui a aussi travaillé avec Camille, est anglais. C’est un clown lunaire dégarni aux yeux tristes et expressifs, qui ne semble pas parler un mot de français. Qu’importe, il chantera des sons et des onomatopées (magique beatbox). Quand Zaza revisite le langage des fleurs dans les relations de couple, sur un petit air d’orgue mécanique, il coupe des fleurs des champs qu’il envoie dans la foule. « Offre-moi de la glycine, Plutôt qu’une lettre assassine (..) S’il y a une autre que moi/Offre moi des camélias, Et si tu m’en veux encore, un bouquet de mandragore. » C’est poétique, c’est bien trouvé. J’ai pensé irrésistiblement à Édouard aux mains d’argent. Le reste du temps il  joue du piano en t-shirt et en bermudas.

Malgré la chaleur, Zaza a mis sa belle robe rouge à manches longues, rebrodée de fleurs sur les épaules, ses collants noirs satinés, et ses tennis en toile noire. Elle nous parle doucement, sur le ton de la confidence. On est bien prêts à l’écouter, on est troublé par ses souvenirs d’adolescente qui rêve à son avenir, celui de Quelqu’un de bien, qui réussira sa vie en dehors des stéréotypes attendus, et pourtant avec tant d’ambition utopique !  

« Elle écrit l’avenir tout en serrant les dents. » Plus tard, quand elle aura grandi, elle remettra en cause aussi sa vie, s’il le faut, abandonnant « le couloir et les chambres vides de l’Hôtel des acacias »,  pour un nouveau départ. Et si « les chiens, les loups et les oiseaux font du bruit dans [sa]tête » on la rassurera.

 

 La page Facebook de Zaza Fournier, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, là

« La jeune fille aux fleurs » clip 2015 Image de prévisualisation YouTube 
« Paupières closes » clip 2015 Image de prévisualisation YouTube
La dernière journée de Zaza à Avignon Image de prévisualisation YouTube

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