10 raisons (plus ou moins bonnes) de se rendre à Barjac
Sauvé dans En scène, Festivals
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Y rencontrer les amis. C’est le rendez-vous annuel de qui aime la chanson « de parole » (dite aussi « chanson-française-de-qualité » ou « chanson à texte » comme s’il en existait sans). D’une année l’autre, on s’y retrouve, les tempes plus blanchies que la fois dernière, sans toutefois amener avec nous la relève espérée. Bien sûr on y devise chanson : c’est la menue monnaie de Barjac. Mais pas que. On s’inquiète des absents, qui ont forcément tort. Chaque année, on compte les disparus. Là je serai triste de ne plus voir l’ami Jean Florin, de Montbrison. Un de moins pour faire agréable et pertinent chorus.
L’orthodoxie chez les athées. Certains – pas tous, je vous rassure – viennent à Barjac comme d’autres à Lourdes ou à Lizieux : en pèlerinage. Des laïcs à la grand’messe, pour qui certains artistes sont des dieux vivants. Attention à ne pas parler trop fort de peur que vos propos les chagrinent : il faut dire du mal de certains artistes, et du bien d’autres. Et ne surtout pas se tromper, au risque des foudres de l’enfer, de l’excommunication même. Au besoin, testez crescendo : commencez par Patrick Sébastien, c’est facile mais consensuel. Évitez toutefois Anne Sylvestre : ici, après Ferrat, c’est la sainte patronne (de toute façon le premier qui dit du mal d’elle aura affaire à moi). L’impardonnable déicide de l’an passé était d’oser ne pas follement aimer Depoix imitant Ferré : éternel combat du pisse-copie contre l’épiscopat. A qui le tour cette année ? Les bookmakers prennent les paris : Léonid est donné à cinq contre un, Bruno Ruiz à trois contre un seulement.
La préhistoire de la Chanson. Comment et que chantait-on sous Cro-Magnon ou Néandertal ? Les bandes magnétiques de l’époque étant malheureusement inaudibles, on tentera d’en apprendre plus lors de la visite de la grotte reconstituée de Chauvet, à Vallon Pont-d’Arc, à quelques bornes seulement de Barjac. Pour aller plus loin dans ce sujet, on se procurera le livre-disque Naoum, la musique de la préhistoire, de Jean-Philippe Arrou-Vignod et Philippe Poirier, paru en 2000 chez Gallimard-jeunesse.
Sauna offert aux festivaliers. Soirées en plein-air dans la cour du château de Barjac mais après-midi sous chapiteau, sous l’habituelle canicule. De quoi fondre, de plaisir c’est souhaitable, mais pas que. Bon test pour les artistes que cette épreuve pour le moins chaleureuse : si le public ne somnole pas, a priori c’est réussi. Mais l’artiste doit faire fort et les spectateurs se munir d’un brumisateur ! Signalons que, bords de rivières ou de lac, huit plages sont situées à moins de 10 km de Barjac et des dizaines d’autres un peu plus loin.
Ici tout est dans l’excès. Excès d’enthousiasme, excès de colères. C’est un jeu de rôles avec ses intrigues, ses rumeurs, ses mélodrames. Si on salue poliment les maîtres des lieux, Jofroi et Anne-Marie, dès leur dos tourné on commente et critique la programmation : trop de ci, pas assez de ça, trop jeune (l’horreur !), erreur de casting, toujours pas de Vasca alors qu’il habite à deux pas de là… Pas non plus d’Hugues Aufray, trop gourmand, qui pourtant habite sur le territoire communal de Barjac.
La Fête à Jofroi, pour ses 20 ans. Vingt programmations à ce jour pour Jofroi, autant d’exercices d’équilibriste dont notre natif du plat pays s’est, reconnaissons-le, plutôt bien sorti. « À l’écart des produits médiatisés et des grandes foires de la musique, on est heureux de pouvoir dire que cet humble festival est devenu, à travers toute la francophonie, emblématique à la fois d’un patrimoine rare et d’une chanson engagée et responsable, libre et intemporelle » commente avec raison Jofroi. La première soirée de cette cuvée 2015 (le 25 juillet) sera donc d’anniversaire avec, à tout seigneur tout honneur, Jofroi. Ainsi qu’Agnès Bihl, Michel Bühler, Romain Didier, Imbert Imbert, Yvette Théraulaz et Katrin Waldteufel. Ça commence très bien !
Vive la reprise ! Depuis l’an passé, Barjac se met à l’air du temps et célèbre la reprise. Claire Elzière y chantera Allain Leprest, Teicher fera revivre Charles Trenet, Claud Michaud nous refera Félix Leclerc et Yves Jamait tonnera et grondera comme Henri Tachan (c’est pour quand Les Hurlements d’Léo qui chantent Mano Solo ou Fredo des Ogres dans son répertoire Renaud ?). A l’apéro, Antoine Fetet chantera Bernard Haillant. Soyez sûrs qu’à certaines terrasses d’autres répertoires seront pareillement réveillés.
Chanter la Marseillaise. Deux seuls supports presse pour couvrir en tout ou très grande partie ce festival, c’est peu : NosEnchanteurs (les autres sites ou blogs « chanson » qui aiment tant donner des leçons ne vont, eux, que rarement au charbon : c’est si facile de parler de chanson quand on ne va pas à sa rencontre…) et le quotidien régional communiste La Marseillaise, avec en tête de l’équipe dépêchée aux Chansons de parole Isabelle Jouve, que nous saluons ici. Isabelle a été élue cette année conseillère départementale : bravo ! On arrosera ça avec des canons de rouge bio… et Édouard Chaulet, maire communiste et néanmoins grand écolo de Barjac !
Chanson de circonstance. Nos amis Michels [Trihoreau (ex-Chorus) et Grange (ex-Jeunesse et Sports)] tiendront conférence chantée sur La Chanson de circonstance, d’après le livre éponyme paru il y a peu chez L’Harmattan. Entre le petit déjeuner et l’apéro devant le château : il faudra se priver de baignade ce dimanche 26 juillet.
Les apéros devant le château. Le 27 sera remis, pour la neuvième année consécutive, le Prix Jacques-Douai (répétez-bien la formule rituelle de Jacques Bertin : cette année c’est noté !). Chaque apéro les jours suivants présente un CD différent. C’est autre occasion de commenter les spectacles vus la veille et ceux à venir. C’est aussi Radio-festival, temps privilégié où on fait le plein de rumeurs, où on encense untel et on en dégomme un autre. Si vous ratez ce temps « convivial », vous reste la fameuse file d’attente le soir devant la grille du château, prise d’assaut bien deux heures avant (pensez au sandwichs et à la bouteille d’eau), rituel tribal sans qui Barjac ne serait pas tout à fait Barjac. La file devant le chapiteau est moins cotée car moins disputée, surtout en temps de canicule, à savoir tous les ans.
20e festival Chansons de parole, Barjac (Gard), du 25 au 30 juillet 2015. Le site de Chansons de parole, c’est ici ; pour retrouver sur Google tous nos articles sur Barjac 2014, c’est là.
Salut,
Au vu de la programmation, j’ai l’impression que ça manque de femmes, pourtant, la scène, ce que j’en vois en région parisienne, et assez riche de femmes qui écrivent, chantent, composent avec talent… Ces échos ne passent pas le périph ?
C’est vrai que ça manque de femmes . J’espère au moins qu’Yves Jamait va reprendre cette chanson d’Henri Tachan :
https://youtu.be/cE4CzWGKvUg
Et ça vous surprend Norbert ? Au risque de me faire encore remarquer (salut amical au passage à mes animateurs radio préférés, qui se reconnaîtront s’ils me reconnaissent), je dirais que c’est comme d’habitude, exception faite de l’année dernière…
Au fait, vous aviez évoqué l’année dernière l’idée d’organiser des débats « Nos Enchanteurs » lors du festival, c’est tombé à l’eau ? Ou alors c’est la 11e raison (cachée) de venir à Barjac ?
Il y a eu pas mal de choses évoquées l’an dernier, et en effet, un débat sur ce thème serait passionnant, mais ça pose un certain nombre de problèmes logistiques, et pour ça (comme pour d’autres choses) je n’ai pas les moyens de mes ambitions. Mais ce débat « la femme ACI » pourrait se faire à Nanterre, une piste s’est esquissée.