Blanzat 2015. Cabadzi, le sombre et la lumière
Ah, la bonne chanson ! Celle dont les amateurs défendent mordicus ses acquis, son patrimoine et ses artistes tout en se protégeant du reste : de tout ce qui leur apparaît comme commercial (rien que d’avoir un tube, style Juste quelqu’un de bien, leur est déjà suspect, entaché de compromissions…), trop rock, trop jeune (cachez moi ces jeunes que nous ne saurions voir….), trop tout. Tout ce qui n’est pas dans leurs habitudes, dans leurs capacités d’adaptation, d’acceptation.
A ceux là, le père Vannaire leur a joué un bon tour hier, en programmant Cabadzi. Oui, Cabadzi, du hip-hop dans de telles Rencontres de la chanson, festival-étape sur le chemin de Barjac, le Saint-Jacques de Compostelle des rimes riches. De quoi ébranler nos certitudes.
Celles de Lulu aussi. Lulu est le chanteur et parolier de Cabadzi. Ravi de chanter dans un festival de chanson : « D’habitude, on nous met dans des trucs à punk avec des gamins de seize ans qui boivent de la bière. » Cabadzi joue essentiellement dans des salles de musiques actuelles. Là, on lui offre le public de Brel et de Brassens. Émotion. Les festivaliers, au moins ceux qui ont relevé le défi, ont découvert que c’étaitde la chanson. Certes scandée, électrisée, amplifiée comme on dit. Mais faite de paroles et des musiques : une telle combinaison, c’est justement de la chanson. Qui plus est forte en gueule, politique au sens noble du terme, bien écrite, interprétée avec talent, avec justesse. Accompagnée par des musiciens que… oh, c’en est une merveille ! Violon, violoncelle, cuivres, guitares… Et ce beatbox (percussions vocales) qui vous surprend. Les paroles sont taillées dans le sombre de nos inquiétudes, d’un monde en tous points désespérant : « T’as vu nos vies ? » Force est de s’y reconnaître tant elles traduisent sans travestir nos colères, notre impuissance à changer ce monde : « Qu’est-ce qu’on a le choix / Entre la peste et la choléra ? » Parfois, rarement, des lueurs d’amour. Et le tact et l’humour pour utiles remparts. Ça et la musique, formidable contrepoint, joyeuse et ample, hip-hop rock tenté par le classique. Du raffinement, du luxe. La chanson que nous aimons souffre souvent d’une musique rudimentaire, tant prédominent les paroles. Là, avec Cabadzi, les mots coulent en abondance et les notes explosent, riches, variées. C’est dire, même les éclairages participent au déroulé, à la dramaturgie. Un feu d’artifice digne d’un 14 juillet ! Et un final en acoustique, sur le devant de la scène, assis sur le rebord du monde, comme un hommage à cette chanson prisée par ce public qu’ils n’ont jamais et dont ils s’imposent paradoxalement comme un superbe et nouveau fleuron.
Tout à fait, comme quoi il ne faut pas avoir d’ à priori ! Cabadzi, c’est très fort, en paroles et en musique, et ce fut une belle rencontre entre eux et le public de Blanzat qui leur a fait une ovation !
ceci dit, rien n’interdit d’éviter la débauche de décibels qui gâchent un peu la fête…j’ai apprécié mais j’ai choisi d’échapper aux rappels pour protéger mon ouïe
Il me souvient d’un festival Chant’Appart 2010 où Cabadzi partageait l’affiche avec Hervé Akrich, Samuel B., Balmino, Christophe Belloeil, Alain Brisemontier, Cabadzi, Céline Caussimon, Eric et les Berniques, Evelyne Gallet, Manu Galure, Gurval, Karpatt, Sophie Kay, Le Magot de Mémé, Les Hommes Beiges, Les Mauvaises Langues, Les Pieds d’dents, Liz Cherhal, Paul Meslet, Benoît Paradis, Jean-Michel Piton, Presque Oui, Fred Radix, Pascal Rinaldi, Sylvain Sanglier, Caroline Thomas, Béa Tristan, YMH, Alcaz’ et Barcella. On a envie de crier : »vive la variété » mais le mot concernant la chanson a perdu son sens noble et premier..