Avignon off 2015. Khalid K : oui, les sons ont un parfum

Khalid K (photo Catherine Cour)

C’est un beau mec !

Un acteur, du genre qui sait faire bouger son corps avec une grâce féline.

Une voix sensuelle, toute en retenue, qui nous raconte son parcours de vie… Sa naissance à Casablanca, son arrivée en France, sa vie, entre deux cultures qu’il aime également.

Mais se raconter est difficile !

Alors la voix s’arrête, se casse et s’éparpille en milliers de fragments. Khalid K, magicien-griot les rassemble en une mosaïque sonore. Il en habille son souffle, le fait vibrer et résonner. Le son est vivant, omniprésent. Khalid jongle avec. Il est soutien et nourriture pour ses pas, ses cris, ses pleurs et ses rires.

Souvenirs d’une enfance ensoleillée, les marchés, la vie au soleil, la mer, les bateaux, les voyages, le vent, la tempête… Tout passe par une petite boîte noire que l’artiste ne lâche pas. Elle lui sert à capturer les sons et à les mélanger, les atténuer, les amplifier, les faire se répondre en écho, ciseler avec eux une singulière musique improvisée.

Le spectacle commence et se termine avec des mots lancés par les spectateurs. Ils composent la trame sonore d’une longue mélopée rythmée et scattée par le chanteur… Comme un joueur de pelote basque reprend acrobatiquement la balle pour la faire rebondir sur le fronton, encore et encore, plus ou moins vite, plus ou moins fort. Khalid K reprend les mots au vol, les tresse, les fait sonner, résonner. Il joue avec eux, les intègre à sa voix, à son souffle. Il s’appuie sur eux et s’en nourrit, s’en abreuve, s’en fait un habit, un abri.

Interprète jamais en repos, Khalid K marche, marche, marche. Il déplie et replie ses longs bras, ses grandes mains expressives. Il respire et module des sons, des bruits. Il bâtit avec sa voix une musique immatérielle capable d’entraîner le spectateur dans les plus lointaines contrées. Tout y est, sans avoir besoin de mots pour raconter : la musique est là, qui en dit plus que des mots trop pauvres pour tout exprimer. Et puis les mots obligent à choisir une langue, alors que le son s’adresse directement à l’émotion sans devoir passer par le filtre du langage.

Son, rythme, pulsation… langage universel, brut et envoûtant… Oui, les sons ont un parfum qu’il faut aller boire à la source : tous les jours à 16 h 05 au théâtre Arto, rue du Râteau (c’est tout près de la rue des Teinturiers).

Le site de Khalid K, c’est ici.