Renaud à l’Alhambra, des chanteurs Séchan chanter…
Bon, je ne vous cache pas que ça commençait plutôt mal…
Quand le chroniqueur musical se fraye un chemin dans la jungle parisienne et que son nom n’est pas, comme prévu sur des listes d’invitations tenues on ne sait comment, eh bien, le dit chroniqueur musical, il a comme une légère tendance à faire la chetron sauvage et à avoir envie de tourner santiags pour s’en aller retrouver sa gonzesse, celle qu’il est avec…
Malgré cet alléchant programme cependant, mal lui aurait pris de boycotter un pestacle dont au sujet duquel il va vous causer un poil, vu qu’il s’est acharné avec toute la hargne qu’on lui connait pour pouvoir être malgré tout vos yeux et vos oreilles. Bon, j’arrête d’écrire à la troisième personne, ça m’excite. Et ça me déconcentre.
Bref, tout s’arrange finalement, et c’est dans une salle de l’Alhambra au public passablement mélangé, jeunes et moins jeunes, tous les publics du Renard on va dire, que débute cette histoire. Et si… Et si… J’ose ? Allez, j’ose ! Et si les récents avatars discographiques, pseudo hommages dont je ne m’abaisserai pas même à citer le nom en ces augustes colonnes avaient eu au moins le mérite d’attirer dans les salles de concerts une génération de spectateurs pas perdue pour tout le monde.. ? Le débat est ouvert, pas de quoi voir rouge…
La Troupe du Phénix, qui nous offre cette épopée musicale, n’est pas une inconnue, qui commit l’extraordinaire Petit Monde de Georges Brassens à Bobino il y quelques lurettes déjà. Et déjà à la manœuvre à l’époque, Laurent Madiot, membre éminent des Fouteurs de Joie, dont on ne saurait suffisamment vous inciter à écouter les petits bijoux sonores. A la direction musicale, excusez du peu, rien de moins que Fred Pallem, requin de studio et créateur du fameux Sacre du Tympan.
L’histoire donc, car c’en est une que s’en vont nous conter les six chanteurs-comédiens, s’ouvre sur une jolie ambiance de West Side Story de pacotille, dans un esprit très BD façon Gotlib. Une mobylette et une palissade suffisent à planter le décor, entre deux affiches électorales de Giscard et Mitterrand. Les graffiti, déjà, nous caressent délicieusement le cortex : « Le Père Noël est un poivrot », « Le bitume c’est mon paysage », « Société, tu m’auras pas » ou « Les méchants c’est pas nous ».
Trois musiciens discrets mais efficaces placés à jardin, et quatre zigotos plus deux drôlesses, tous plus attachants les uns que les autres, voilà le casting qui s’attache à faire vivre devant nos yeux incrédules et ravis les personnages les plus emblématiques de la geste rénaldienne : Lucien, Manu, la Teigne, Gérard Lambert, la Pépette ou la Doudou s’incarnent littéralement sur scène au fil de péripéties que je me garderai de trop dévoiler, puisque vous filerez réserver vos places dès la fin de cet article. Ah, j’en vois deux qui sont même déjà partis, ils ont bien raison ! Profitons en pour rendre hommage comme il se doit à ces beaux bateleurs d’estrade : Guillaume Cramoisan, Patrice Rivet, Xavier, Martel, Gaëlle Voussika et Jean-Luc Muscat, avec une mention spéciale à l’abattage extraordinaire de la pétulante Diane Dassigny.
Souvent forts bien amenés par des dialogues chiadés, légers et percutants empruntant aux textes même des chansons, les titres s’enchaînent à merveille et tissent la trame d’une véritable histoire s’étalant sur plusieurs années. Mon HLM, En cloque, Mon beauf, Pierrot, Le retour de la Pépette, l’Aquarium, Ma chanson leur a pas plu, Hexagone, le très méconnu A la téloche ou Les Charognards (superbe version), le choix est un véritable régal pour connaisseurs comme pour néophytes. De ci, de là, un clin d’œil aux Valseuses de Blier, au Père Noel est une ordure et pas mal d’autres. Ça fredonne dans la salle, évidemment, mais c’est bien plus une belle réunion de potes qu’une grand’messe, et c’est très bien ainsi… Sur Près des auto-tamponneuses, voilà qu’un véritable bolide forain fait son entrée sur scène, tout de vert pailleté et tous phares allumés, pour un duo d’une infinie tendresse.
Et lorsque Lucien se retrouve un peu malgré lui finaliste d’une bouse télévisuelle d’un télé-crochet à grande audience, la petite troupe au grand complet se livre à un jubilatoire jeu de massacre, tirant à boulets rouges sur certains programmes débilitants que je suis dans l’impossibilité technique de vous citer, le clavier de mon ordi se refusant catégoriquement à certaines bassesses typographiques. Sachez simplement que l’on y parle d’étoiles et d’académie, et c’est à une parodie superbement menée que nous assistons médusés, pour un propos des plus hilarants. De la Baltique, évidemment. Ou comment, sous couvert de quelques bluettes finement tournées, dénoncer à merveille les travers pervers de notre belle société…
Le public ne s’y trompe pas qui, suite au pot-pourri final, acclame la troupe en faisant un boucan d’enfer… A l’issue de la représentation, je me faisais même la réflexion, en gagnant le bar le plus proche regagnant mes pénates pour y boire une infusion, que ce spectacle se posait un peu en antagonisme parfait de celui sur Mistinguett chroniqué en ces lignes il y a peu de mois : trois bouts de ficelles, mais des tonnes d’émotion et de finesse.
C’est jusqu’au 29 juillet, courrez-y, vous ne le regretterez pas. D’autant que si vous venez de la part de NosEnchanteurs, vous pourrez profiter exceptionnellement de la promotion d’été, une place achetée = une place achetée…
Comment ? Pardon ?
La suite de ma soirée auprès de ma gonzesse, celle que je suis avec ?
Mais je vous trouve fort indiscrets, voire inconvenants, savez-vous ?
Cela dit, c’est bien parce que c’est vous, je vous raconterais peut-être une autre fois.
Mais demain est un autre jour…
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La suite de ma soirée auprès de ma gonzesse, celle que je suis avec ?
Attention, les papparrazzis sont au taquet… Je voudrais pas faire la langue de p… (car ce sont de belles personnes, selon Anne) mais on va avoir des drames de la jalousie dans not’Landerneau chansonnesque, il est souvent entouré de chanteuses, Patriiiiiiick … Standing oblige …
Et voilà ! on trépigne d’envie d’aller voir ce grand cirque de Renaud , ( j’espère qu’il tournera dans l’ Hexagone!), et puis on se console en se disant que c’est déjà un privilège et un grand plaisir de lire la prose de Patrick ! Tatatssin !
Tss, tss…