Pourchères 2015. Les Clés à Molette, la chanson pure et simple
Tous vêtus de blanc ou d’écru, serrés en une scène finalement étroite : elles et ils sont vingt-cinq. La chef de chœur, ?lisabeth Ponsot, que nous avions vu exaltée lors de la balance, comme en transe, en une invraisemblable chorégraphie pareille à une danse incantatoire, est parmi le public, calme, sereine, désactivée. C’est une chorale de quinze ans d’âge et de fort belle réputation, du cru de Saint-Julien-Molin-Molette, là où réside la Mimi, marraine de cette présente Chansonnade.
Certes, la chorégraphie est minimum, presque immobile, cause à l’espace. Ça ne les empêche pas de bouger, de se disloquer, de se reformer à leur bon plaisir. De presque courir, de se révolter, de vivre. Nous sommes entre pratique amateur et grand professionnalisme, un ton nettement au-dessus du lot, sans bémol. J’ai comme l’impression qu’?lisabeth Ponsot et ses choristes ne se posent pas tellement de questions sur ce qui serait de la grande chanson ou pas. Du Papaouté de Stromaé (au cas où aux kazous) à Où vont les chevaux quand ils dorment de Romain Didier et Allain Leprest, de Rappelle-toi Barbara de Jacques Prévert à Résiste de France Gall et Michel Berger, des Marchands de Véronique Pestel à Même pas foutus d’être heureux de Rémo Gary, c’est toute la chanson, sans chapelle ni tumulus. Avec, ici et là, des réussites plus grandes encore comme cette remarquable adaptation de Betty, de Bernard Lavilliers, ou ce Bagad de Lann-Bihoué, d’Alain Souchon. Un Souchon qui aura, seul, le privilège de deux titres : c’est sur Et si en plus y’a personne que s’achèvera cette prestation de premier plan.
Amour de la chanson, humour aussi, irrésistible qui plus est. Avec Elle f’sait la gueule d’Anne Sylvestre ; avec Idylle en forêt de Francis Blanche, brûlant amour chez Monsieur Landru : « Mon grand chéri, quelle idée merveilleuse / De faire ainsi du feu en plein été ! Petite fille, c’est pour te rendre heureuse / C’est pour te réchauffer… »
Dans l’assistance de ce festival, beaucoup d’artistes, certes. Mais aussi sur scène. La passion chanson est telle que certains se prêtent en plus au jeu de la chorale : André Marguin, Emmanuel Le Poulichet (au piano), Marie Zambon et Lily Luca.
Offrir aux Clés à Molette le prime time scénique du vingt heures trente, c’est dire la confiance des organisatrices de la Chansonnade ; c’est aussi dire l’évidence : ce groupe est une merveille, un délice. Le public leur a fait triomphe.
Le site des Clés à Molette, c’est ici. Pas de vidéo : on en trouve quelques-unes sur la toile, mais pas de bonne qualité.
Ça c’est un répertoire éclectique, et j’aime ! Quand même réussi à écouter parmi d’autres Pénélope de Brassens sur YouTube, bien.
Juste une petite rectification, c’est Michèle Bernard qui a le privilège de 3 titres dans ce spectacle : les 3 premières chansons, Rivière, Tout’manières et Lola.
Bon, c’est vraiment pour les puristes mais rendons à Michèle ce qui est à Bernard
Oui. Michèle Bernard 3 – Alain Souchon 2. Bon, c’est vrai que Michèle Bernard jouait à domicile…