François Béranger, rubrique livre jeunesse
Ne boudons pas notre plaisir, les nouvelles de François Béranger ne sont pas si fréquentes que ça depuis douze ans… Il y eut cet album à la diffusion posthume, regroupant 19 chansons de Félix par Béranger lui-même. Et l’année suivante ce formidable, indispensable coffret, Le vrai changement, c’est quand ? (trois disques pour 49 titres + un dvd fait d’un film sur Béranger, Tous ces mots terribles, et d’un concert intégral enregistré en 98 à Lille). Il y eut ce disque collectif (Tous ces mots terribles – 2008) rassemblant des comme Mell, Tryo, Yves Jamait, Loïc Lantoine, La Rue Kétanou, Hubert-Félix Thiéfaine, Michel Bühler, Raoul Petite, Sanseverino, Jeanne Cherhal, Les Blaireaux, Marcel et son orchestre, etc. Et ces opus hommage, l’un de Trévidy (Si on chantait Béranger - 2007), l’autre d’Éric Frasiak (Mon Béranger… - 2014).
Et voici… un livre pour enfants, un inédit écrit par François Béranger dans le courant des années 90. Un conte fantastique, politique et écologique : Des rats zailés et des zhommes, qui aura mis du temps à nous parvenir.
« En ce temps-là, les Zhommes ont perdu leurs illusions, leurs poils et leurs dents, c’est pourquoi ils zozotent et le monde yoyote. En ce temps là, la société humaine est organisée autour du Ministère de l’Intégrité Nationale qui distribue par tirage au sort des bonkeurs aux Lukis. Sur la planète polluée et submergée de déchets, ils passent leur vie au milieu des zimages euphoriques pour oublier la réalité. Quant aux Pas-Lukis, pauvres et pas chanceux de toujours, ils sont amenés à s’entretuer. Sur cette terre hostile, au bord de l’asphyxie, survivent également les Rats-Zozios, des Zenfants illégitimes, une poignée d’ouvriers Palestiniens et quelques mouwettes. Qui finira pas sortir son épingle du jeu du gros tas d’ordures ? »
C’est du Béranger qui, même en direction d’un jeune lectorat, même sous les atours d’une fable, n’abdique pas ses mots, ses idées, ses préoccupations. Du vivre ensemble, de luttes communes, de lutte des classes, d’un régime dictatorial dirigé par une sorte de docteur Folamour, d’une armée bientôt désœuvrée… Il y a surtout la lucide constatation d’une monde qui, année après année, empire. Qui plus est sur une terre méchamment dégradée. De là où il est, il a dû savoir que c’était pire encore désormais.
C’est une fable. Fussent-ils terribles, les mots de Béranger sont savoureux, qui plus est à la typographie astucieusement contrariée. Savoureux et tendres. Et rigolos. Entre nous, que des grands-parents qui jadis ont applaudi Béranger en scène le lisent désormais à leurs petits-enfants est en soi une jolie transmission. C’est d’autant plus vrai qu’ils l’auront acheté au moins autant pour eux que pour leurs rejetons.
François Béranger, Des rats zailés et des zhommes, illustrations de Blancafort, Lemieux>éditeur 2015, 56 pages, 18 euros.
https://www.dailymotion.com/video/xyl0pw_francois-beranger-le-monument-aux-oiseaux_music
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