Pourchères 2015 : le plus petit festival, le plus exceptionnel aussi
C’est un fait, les temps sont cruels aux festivals qui défunctent plus souvent qu’à l’accoutumée. Mais pas tous, loin s’en faut. A bien y regarder et à l’exception d’un Montauban qui singulièrement déchante (un imbroglio financier et politique sans nom…), la chanson s’en sort bien. Certes, si les grosses productions, les gros festivals sans racines aucune, déconnectés du tissu social local, qui ne savent qu’aligner des stars, morflent et parfois tombent, nous ne verserons pas une larme. « Doit-on subventionner Noah ? » disions-nous ici même il y a longtemps déjà. Ni lui ni Stromaé ! En ces temps de supposée disette économique, de coupes budgétaires drastiques, les chênes tombent : ne pleurons pas ces glands. Comme dans la fable, préférons-leur les roseaux.
Je ne sais s’il y a des roseaux, là-haut sur la colline, dans ce coin où, comme dit Ferrat, la montagne est belle. Là-haut, c’est Pourchères, en Ardèche, pas loin de Privas. Une route étroite qui serpente, un village paisible. Chanson chez l’habitant. Tout au long de l’année, ici c’est comme en Chant’appart : concert à la maison. Et quand revient l’été, l’insolent soleil, que fleurit le tilleul, c’est festival dans cette même maison, comme un extra, une récompense. Et ça l’est, c’est Chansonnade ! Ici nous sommes chez Monique et Sabine. Qui aiment la chanson ; la chanson le leur rend bien. Ici, on craint plus les caprices de la météo que les baisses de subventions. Car, ici, il n’y a pas l’ombre d’une subvention. Et, me croirez-vous, pas le moindre élu qui s’en vient serrer les mains en faisant risette pour la photo. Si certains y font le coq, c’est dans la ferme contigüe et ce sont des vrais gallinacés, qui eux aussi chantent à tout bout d’champ, faisant parfois chorus aux chanteurs. Ici on vit et on chante en autosuffisance.
C’est un festival, un vrai : la rencontre entre le public et les artistes, les regards qui s’échangent, le bonheur, la chance d’être là, d’entendre tant et tant de belles chansons. Sans calicots publicitaires, sans service d’ordre aux gros bras. Sans star, sans représentant de la play-liste d’Inter, d’Intermarché. Manoukian ne sait même pas que ça existe et c’est tant mieux.
Et pourtant, des artistes il y en a. Tant que certains se produisent en fin de matinée, d’autres après déjeuner, dans l’après-midi, en soirée. Pas des stars, non, mais, entre nous, quel programme ! Après la tonalité très « Anne Sylvestre » l’an passé, c’est autour et au tour de Michèle Bernard que ça se passe cette année.
Avec cette grande dame de Saint-Julien-Molin-Molette, certes. Avec Les Clés à Molette, chorale qui, par le choix de ses chansons, se veut être comme une boîte à outils pour réparer ce qui cloche dans le monde. Avec, et c’est rare, Marie Zambon en scène. Cette viticultrice est aussi une fort élégante plume, tant – s’il faut vous en faire une idée - qu’elle fut reprise par Véronique Pestel. Pestel qui est aussi de la programmation : qui n’a jamais vu cette dame de Haute-Savoie ne sait pas tout à fait ce que peut être la chanson. Claudine Lebègue nous contera, nous chantera la suite d’À ma zone, bijou d’émotion qu’elle tire de son vécu.
Au programme de cette Chansonnade, le récital d’Emmanuel Poulichet (ce sera pour nous une découverte) et la sympathique proposition de l’ami Claude Lieggi qu’est ce Tour de bal, en fait que des chansons prétextes à danser.
La Chansonnade, 3, 4 et 5 juillet 2015, Pourchères
Le site de l’Association « Demeures en scène » et du festival La Chansonnade, c’est ici. ; ce que nous avions dit de ce festival l’an passé, c’est là.
Belle programmation encore cette année pour un festival chaleureux et de qualité, et l’on sait qu’en cas de mauvais temps, il y a une jolie petite église du XIIème pour accueillir les festivaliers ! à suivre donc …
Bravo Michel!!! Je n’ai pas l’habitude de répondre à tes critiques mais là, je ne peux pas rester indifférent . Je suis envieux , un peu jaloux …de la reconstitution que tu fais de Pourchere ,l’atmosphère , l’ambiance , l’accueil , humanisme, la qualité de la programmation …j’aurai aimé écrire ces mots.
Ces mots tellement mérités pour Monique et Sabine , qui font tellement pour faire partager leur passion et pour l’accueil leurs hôtes et cela toute l’année.
Pour cette année , je fais , pour le festival ,faux bond mais Vive l’an prochain…
Claude
Le plus petit festival c’est le nôtre : Poèmélodies, peut-être pas le plus exceptionnel, mais bien sympathique. Il se tenait avant sur deux jours, faute de moyens il se résume à une seule journée. Nous compensons la programmation d’artistes confirmés par un Concours Trophée Poèmélodies qui accueille chaque année 7 candidats ACI de belle pointure et le concert de clôture sera assuré cette année par Evelyne Gallet avec en première partie François Puyalto Lauréat du Trophée 2014. Bravo pour La chansonnade qui accueille Véronique Pestel et Michèle Bernard des artistes que j’aime avec lesquelles j’avais pris contact mais que je n’ai pu à mon grand regret programmer. Pour en savoir plus http://www.poemelodies.fr
Ce que Papa Momo ne dit pas : Le festival Poémélodies se déroulera le samedi 25 juillet à la salle des fêtes de La Croix blanche (Lot et Garonne), organisé par l’Association Plumes et Croches. En plus d’Evelyne Gallet (rien que pour elle, ça vaut largement le déplacement), le concours (à partir de 15 heures) départagera La Souris noire, Olivier Mehiant, Phylibert, Livane, Camu, Gauvain Sers et Olivier Eyt.