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Paroles et Musiques 2015. Ben Mazué, l’intime et le grand public

Ben Mazué (photo DR)

Ben Mazué (photo DR)

Ben Mazué, 10 juin 2015, festival Paroles et Musiques à Saint-Étienne, palais des spectacles,

 

Se voir offrir quatre mille spectateurs, en première partie de plus grand que soi, est certes cadeau. Mais. Mais ce public n’est pas venu pour vous, ou quelques-uns seulement. Vous savez comment sont certains spectateurs : ils viennent voir leur idole et, méprisants, s’en tapent de celui qui précède. Alors ils causent, les cons. La buvette est ouverte et c’est forum bruyant, potin d’enfer. Faut le vouloir pour tout de même jouer. Faut en avoir aussi pour cependant séduire une bonne partie du public. Surtout avec ce que nous raconte Ben Mazué. Je dis raconte, car il parle beaucoup, beaucoup. Quand il parle pas, il slame. Et parfois, parfois plus même, il chante. Quoi ? Des petites choses de son existence. En fait il chante les âges de la vie, la sienne ou celle des autres. L’âge Chamallown où, guimauve, dragibus ou berlingot, il est comme « le porte-parole d’Haribo. » A quatorze ans quand une demoiselle lui prend son pucelage (« il tremble comme une feuille à chaque caresse… »). A vingt-cinq, la séduction d’une plus vieille, une « parleuse » : « Quelques naïves confessions vous permettent de penser / Qu’elle n’est pas maladroite en talons compensés comme simple tenue / Et que vous seriez sûrement très bien /…tout nus. » Il y a le trente-trois ans d’aujourd’hui (son disque, le deuxième, s’intitule 33 ans), en fait, dérisoire coquetterie, toujours vingt-cinq ans (« ça fait huit ans que j’ai vingt-cinq ans »). Il y a les âges qui suivent, l’exclusion à cinquante-quatre, la vieillesse et l’aigreur à soixante-dix… Il y a – imaginez ce discours intimiste et précieux dans une si grande salle, forcément impersonnelle – la mort de sa maman : « Vivant, faire tout pour que ça reste… »

Sur cette avant-scène, lui à la guitare et son complice aux claviers, c’est toute la vie qui défile, pudique et impudique à la fois, avec rarement des certitudes, plutôt des doutes. Et savez-vous ce qu’il chante en ce lieu immense ? Les gens qui doutent, qu’il reprend à Anne Sylvestre. On a envie de saluer la performance. Ceux qui parlent fort au bar ne doutent pas, eux.

Paraît que ce chanteur a faillit être toubib, que ça s’est joué de peu. Ça doit être une vocation car ses mots, délicats, attentionnés, peuvent sinon soigner des maux, au moins faire du bien. La chanson est thérapie. Non, vraiment, ce que je retiens, c’est ce jeune homme, d’apparence fragile, tenant une scène qui a priori ne lui est pas vraiment acquise, vous capte, vous retient, vous captive, de ses mots tout simples, de sa verve, de son verbe, de ses vers. De son art dépouillé, de son extrême simplicité. Bravo !

 

Le site de Ben Mazué, c’est iciImage de prévisualisation YouTube

Une réponse à Paroles et Musiques 2015. Ben Mazué, l’intime et le grand public

  1. Soleille Morgane 11 juin 2015 à 20 h 10 min

    Merci Michel de nous rendre compte aussi fidèlement et au jour le jour de ce beau festival à Saint-Etienne, avec autant de réactivité et de diligence (les vieux mots, c’est joli aussi).
    Ben Mazué, je l’ai découvert il y a peu, je ne sais pas pourquoi son nom m’évoquait un artiste sorti de quelque télé-crochet commercial…il n’en est vraiment rien ! Jeunesse et expérience de la vie semblent se mélanger heureusement dans son discours, avec pour moi une petite préférence pour les airs chantés, et notamment Vivant ! https://www.youtube.com/watch?v=MlAt0LtR8BY

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