Salles Chanson : Aix-en-Provence et Lyon passent la main
Aix-en-Provence est un peu le petit Poucet de la chanson, dans une région où cet art est pour le moins absent : peu de salles, peu d’artistes, peu de public. De fait, et si ce n’est le total inconfort de ses bancs, même rembourrés, la salle Théâtre & Chansons apparait comme un havre pour la chanson, un lieu ressources pour qui en est en manque de ces paroles et musiques parfois entêtantes. A la tête de ce lieu depuis dix-huit ans, Isabelle Bloch-Delahaye a, depuis la mi-janvier, cédé la direction à Myriam Daups et Gérard Dahan, couple dans la vie comme sur scène (on les connait comme étant le duo Vis à vies). Pour la (pas si) petite histoire, le père de Myriam fut le premier président de Théâtre & Chansons ainsi que, sur scène, le violoncelliste d’Isabelle Bloch-Delahaye.
Dès la rentrée, dans cette salle rebaptisée Le petit duc, Daups et Dahan nous préparent une saison chanson particulièrement séduisante qu’ouvrira Cyril Mokaiesh en début octobre, avec entre autres Dick Annegarn, Nathalie Miravette, Ben Mazue, Agnès Bihl, Xavier Lacouture, Gilbert Laffaille ou encore Bab’x.
Autre cas, autre ville, autre lieu. Lyon s’est imposé, on le sait, comme une des villes phare de la chanson dans l’Hexagone. On ne compte plus les artistes et groupes qui nous viennent de la Capitale des Gaules ou de ses environs. Il faut dire que deux écoles (une à Lyon même, l’autre à Villeurbanne) fournissent et fourbissent la chanson ; qu’en conséquence nombre de scènes, même rudimentaires comme peuvent l’être celles des cafés, se sont créées pour faire face à l’offre des artistes, à leur besoin de s’exposer. Et l’offre a petit à petit créé la demande publique.
Un festival existe même, Chants de Mars, entre février et avril de chaque année comme son nom l’indique, initié par trois MJC de la ville et actuellement partagé par neuf autres salles, toutes fortement repérées dans la chanson et les musiques actuelles.
Dans ce paysage chanson en grand mouvement, l’annonce du changement de propriétaires de la salle A Thou bout d’Chant (près de l’Opéra, au début de la montée de la Croix rousse) est, on s’en doute, amplement commentée.
Après quatorze ans à animer cette salle, bien souvent contre vents et marées, Frédérique Gagnol et Marc David, couple à la ville comme sur scène, tirent un trait, passent la main.
C’est dans cette salle en sous-sol, voûtée comme il se doit, que se sont produits pour la première fois des comme Nico, Carmen Maria Vega, Noah Lagoutte, Frédéric Bobin, Buridane ou Évelyne Gallet (liste non exhaustive), ce qui n’est pas rien et mérite d’être salué. A Thou bout d’Chant fait logiquement partie du réseau « Scène Découvertes ». C’est aussi grâce à cette salle que l’ami François Corbier est revenu à la chanson après sa longue parenthèse télévisuelle et la traversée du désert qui suivit.
On se souviendra du duo humoristico-pratique de Frédérique et Marc, sensiblement le même depuis des années, en amont de chaque soirée, sur l’utilisation des toilettes et ce grand moment de solitude que pouvait être le fait de tirer la chasse durant une chanson. Quel sera le prochain sketche ?
Changement de direction, mais pas de cap, rue de Thou. La salle est reprise par deux jeunes artistes lyonnais de chacun vingt-cinq ans, Lucas Roullet-Marchand et Matthias Bouffay, désirant tous deux s’inscrire dans la continuité, avec toutefois la volonté d’augmenter la programmation (pas tant en nombre de soirées qu’en nombre d’artistes invités) et d’amplifier l’accompagnement des jeunes envisageant une démarche de professionnalisation pour leur « donner les clés nécessaires à la réussite. »
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