Brel décrit par Brel, dépeint par Héran
Troisième tome, après le Brassens de 2013 et le Renaud de l’an passé, de la collection « A la plume et au pinceau » des éditions Didier-Carpentier. Après Jean-Paul Sermonte, après Baptiste Vignol, c’est au tour de Bruno Brel de se coller au… Brel ! Avec toujours Jean-Marc Héran aux pinceaux, de plus en plus lissés, de plus en plus soyeux.
Quand un Brel vous parle d’un autre Brel, que vous raconte-t-il ? Des histoires de Brels, de brelgitude, des anecdotes tirées de grands sacs où se se mélangent souvenirs et émotions. Du pas forcément vu, du pas lu ailleurs. Et c’est ça ce Brel-là, un livre précieux à plus d’un titre, qui ne remplace pas les autres, simplement s’y ajoute. Pour le regard impliqué et familial du neveu de Grand Jacques. Pour celui décalé, tendre, parfois impertinent de l’Héran. Ça nous vaut de belles pages qui se regardent et s’interrogent, à qui dira ou dessinera les plus belles. Quarante-trois pages, quarante-trois chansons qui sont autant d’angles d’attaque pour envisager Brel, pour aller plus loin dans son œuvre, pour parfois comprendre, pour en savoir plus encore.
Bruno Brel n’est un inconnu ni pour les amateurs de chanson aux oreilles affûtées, encore moins aux lecteurs de NosEnchanteurs, par au moins deux de ses activités (il est aussi sportif…), celle d’écrivain, celle de d’auteur compositeur interprète, ce depuis 1967 où il débuta, comme son oncle, dans un cabaret bruxellois avant d’être « lancé », comme son oncle encore, par Jacques Canetti. Jusqu’en 1998, il se refusera à inclure des chansons de son illustre parent dans son répertoire. Il le fait désormais, toujours avec le talent qu’on lui connaît.
Ancien membre des équipes de Fluide Glacial et du Canard Enchainé (entre autres), Jean-Marc Héran, par ailleurs prof d’arts plastiques, est tant dessinateur que chanteur interprète. Nous l’avons récemment chroniqué dans son récital consacré aux chansons d’Henri Tachan.
Yves Jamait, qui, avec Clarika et Pierre Lapointe, participait à l’automne dernier aux Nuits de Champagne à un hommage à Jacques Brel, s’est vu confier le soin, la délicatesse d’en faire préface. Et lui de raconter son Brel, contracté il ne sait comment durant l’enfance, évident au sortir de l’adolescence, permanent dans son âge d’adulte : « Je m’y suis tellement penché que je suis tombé dedans. Pendant une longue période je n’arrivais plus à écouter que ça. Plus rien d’autre ne passait par mon ouïe. Du matin au soir j’écoutais Brel. Bien que Mathilde ou Madeleine fussent des prénoms de grand-mère et qu’Eugène et Fernand fussent liés à des papys, je n’éprouvais aucun problème à m’identifier à leurs joies ou leurs peines. Ses textes au vocabulaire délicieusement suranné par moment avaient sur moi un impact considérable. Je vivais chaque mot, chaque inflexion comme des évidences, conscient bien sûr que d’autres générations, avant moi, avaient bu à cette source… C’était universel et intemporel… »
Mine de rien, trois tomes, c’est déjà belle amorce d’une collection. N’ayant peur de rien, toujours à l’affût de scoop, NosEnchanteurs s’est enquis de savoir qui serait le chanteur suivant : ce sera pour novembre de cette année et l’heureux élu sera… Johnny Hallyday. Eh oui ! Oh, yeah ! tant il avait sa place dans la suite des choses. Mon p’tit doigt me dit qu’on vous en reparlera.
Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Bruno Brel, c’est ici ; ce que nous avons déjà écrit sur Yves Jamait, c’est là.
Madeleine, INA 1962
Vivement que cet album vienne compléter ma (déjà) collection !
Et encore, il parait que le 4e volume est démentiel : c’est ce que m’a dit l’auteur !
J’en jaunis à l’idée…
Belle collection ! Puisse-t-elle croître et se multiplier !
Bon, il est temps pour vous d’acheter cet album, excellente lecture pour l’été, si ce n’est déjà fait.
J’ai eu la chance et le bonheur de me faire dédicacer mon exemplaire à la fois par l’auteur et le dessinateur de ce précieux Brel à la plume et au pinceau.
Ce fut l’occasion de réécouter Jean-Marc Héran dans quelques unes de ses chansons de Tachan, que Jacques Brel avait lancé à ses débuts, quel plaisir !
Et de faire la connaissance de Bruno Brel tant dans des reprises de Jacques (Amsterdam, Les vieux, Jojo, Les bourgeois, Ne me quitte pas, Quand on n’a que l’amour…) que dans ses propres chansons : Les émigrants, La seule femme que j’aimais, La rivière bambou (qui évoque le génocide rwandais)…
Chez ces gens-là, reprise jouée et non pas chantée de Jacques, prend soudain une dimension imprévisible.
Beaucoup d’émotion.
Quelques extraits d’un concert de 2008:
https://www.youtube.com/watch?v=uR91TkkUGEs
Les émigrants, d’une brûlante actualité :
https://www.youtube.com/watch?v=vBhe51MtYvY