HK & Les Saltimbanks en allumeurs de réverbère social
« Chanteur engagé, une espèce en voie d’extinction ? » osait il y a peu un de mes confrères de la presse régionale. Évidemment si ce collègue, qui semble n’y entendre que pouic en Chanson (ça doit être la compétence reconnue pour justement écrire sur ce sujet), n’écoute qu’NRJ, Radio-Nostalgie, France-Inter hors les jours de grève ou Drucker, il ne saura jamais à quel point la Chanson actuelle chante la vie, la société, la politique, comment, disque après disque, elle consigne les faits et gestes de notre monde qui file un bien mauvais coton.
Dire que je suis émerveillé par le nouveau disque d’HK & Les Saltimbanks n’est pas le juste mot : on connaît le bonhomme et le contraire eût été étonnant. Kaddour Hadadi, le roubaisien, ne nous fait précisément que du HK : il ne lâche rien, comme il le chantait dès son premier album ! Il rassemble et rallume un peu de ces lumières qui ont tendance à faiblir (entre fanatismes et xénophonies, reconnaissons qu’elles déclinent : le bleu marine ne réfléchissant pas bien la lumière) : les étoiles, nos rêves de bonheur, de vivre-ensemble, de vivre-bien.
Troisième album pour HK (qui jadis fut le co-actionnaire du MAP – Ministère des Affaires Populaires) avec ses Saltimbanks (il y eu aussi cet autre HK & Les déserteurs, en 2013, hommage appuyé à la chanson française, du Vesoul de Brel au Toulouse de Nougaro autant qu’à la musique châabi). Toujours cette chanson française aux textes sensibles, intelligents, élaborés. Chanson d’espoir, de militance, de résistance, de dignité.
« Je veux sentir nos âmes sur la même longueur d’onde / Positive et rebelle / Nomade et vagabonde. » Foxtrot, reggae, rock, guinguette, on passe d’une musique l’autre, d’une époque musicale l’autre, comme pour montrer la persistance du discours, des mots, des maux : « Dis moi, c’est pour quand le réveil / Dis-moi c’est pour quand la relève / Il serait temps au moins qu’on essaye. »
Si on le dit souvent d’un bon dessin, là c’est pareil : de bonnes chansons valent mieux que longs discours. Celles d’HK nourriront nos manifs outragées, armeront nos combats Sans haine sans armes et sans violence, feront à elles seules barricades. Si leurs notes affûtées pouvaient percer la conscience des gens, réparer si besoin leur dure-mère talée, meurtrie, flouée, blessée du manque d’espoir, la chanson accomplirait alors son destin. Car ces quinze titres sont un baume pour panser nos plaies, penser nos lendemains : Y’a pas d’problèmes dansent-ils pour mieux les lister, les dénoncer. « On se tire vers le bas quand nos idéaux s’envolent » chantent-ils encore, mettant la barre haute, redonnant du sens à nos rêves collectifs, à nos presque utopies.
L’enthousiasmant, le galvanisant tube de cet opus est la chanson-titre, bien sûr, dont le refrain est chanté par les enfants du groupe Dounia, en duo avec le chanteur malien Aboubacar Kouyaté. HK, le ch’ti frère des Kétanou, Zebda et autres Tryo, mérite amplement notre attention, nos encouragements. Ce disque est un des plus beaux joyaux de ce semestre.
HK & Les Saltimbanks, Rallumeurs d’étoiles, [Pias] 2015. Le site d’HK & Les Saltimbanks c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’eux, c’est là.
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