Presque Oui, l’exploration du presque…

Voici donc le quatrième CD de Presque Oui, De toute évidence, dont la sortie sera officialisée par un concert à l’Européen le 26 mai prochain. Il y aura, paraît-il, autour de Thibaud Defever de nouveaux musiciens, et donc de nouvelles couleurs, trompette et batterie, qui apparaissent dans certaines chansons, mais ne changent pas le climat musical général souple et velouté qui est la marque du chanteur. Le disque était attendu car, au fil des récents concerts était apparue une flopée de nouvelles chansons, toutes écrites en collaboration avec Isabelle Haas, l’auteure inventive et subtile à la plume à la fois concrète et délicate : on avait hâte de les réécouter et de découvrir celles qui avaient été choisies. On est fixés à la première écoute, l’ambiance générale du disque se rapproche beaucoup plus des interrogations de Peau neuve que des flamboyances de Ma bande originale, et ça semble délibéré : les titres enlevés et réjouissants comme Le pompon, Depuis qu’elle m’aime, Voyager léger, Le vœu ou Un dimanche indécis n’ont pas été retenus. La musique et la douce voix du chanteur nous emportent calmement dans un certain nombre de réflexions emballées dans des métaphores

Le ton est donné par On saura pas qui pose toutes les conditions permettant de savoir si on aime, pour trouver en définitive qu’elles ne suffisent pas, et par son inverse, De toute évidence, sur l’amour qui affirme sa certitude soudaine et inéluctable. Entre ces deux chansons, les pensées vont vagabonder, se distraire, se demander si l’autre ne masque pas derrières les belles apparences qu’il donne des failles profondes qu’il faudra assumer elles aussi à deux, (Les ombres chinoises), regretter que des événements ne soient pas arrivés au bon moment (Trop tôt) et se persuader qu’il faut aimer même ses défauts et imperfections (Aimons-nous (même vacillants)). Chemin faisant, de nouvelles considérations viennent occuper l’esprit, toujours sur des sujets originaux comme ces « mirages » qui symbolisent les imaginations ou souvenirs enjolivés qui doivent aider à vivre bien qu’ils ne soient qu’illusions ; ou comme ces « voix », allégories des mauvaises influences qu’il faut avoir la volonté d’oublier pour se dépasser ; ou comme ces souvenirs d’enfance qu’on enjolive ou invente (Je revois tout) ; ou enfin comme cet environnement que l’autre modifie définitivement par sa simple présence (Tes anges). Des chansons introspectives viennent compléter cette rêverie : Sous la glace rappelle Peau neuve avec la dialectique de l’eau dans laquelle on se perd et de la glace comparée au miroir dans lequel on se retrouve ; Tout me parle de toi dit l’incapacité à accepter la séparation, si lointaine soit-elle ; quant au Baiser il peut être la conclusion tragique d’une catastrophe, ou la métaphore d’une nouvelle rencontre dans des circonstances extraordinaires.

Comme dans une longue méditation, sans contrastes musicaux importants, la voix paisible de Thibaud nous fait passer d’un souvenir à un rêve, d’un doute à une conviction et d’une inquiétude à une interrogation, en laissant les questions sans réponses ! Dans ce disque intimiste tant pour le chanteur que pour l’auditeur, il sonde davantage le « presque » et laisse le « oui » péremptoire à son affligeante naïveté.

Presque Oui, De toute évidence, Sostenuto/Absilone 2015. Pour commander l’album, c’est possible ici. Le site de Presque Oui, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.

« Tout me parle de toi », clip 2015