Clarika, partie pour enchanter Boris
Je l’ai déjà dit, déjà écrit, sur d’autres supports, ici sans doute aussi : je trouve que beaucoup d’artistes se ressemblent, je trouve que tout est souvent pareil. Parce qu’un jour une maison de disque a gagné le jackpot avec Carla Bruni, toutes les autres maisons de disques ont voulu avoir la leur, leur Bruni-maison. Pareil avec Zaz, avec Cœur de pirate, avec… On clone le voisin, on duplique la voisine.
L’avez-vous remarqué, plus c’est creux plus on en fait des copies : c’est plus facile, y’a moins de consistance, de résistance, y’a pas d’nerfs, c’est tout mou ; la preuve, on a encore jamais copié Anne Sylvestre : c’est qu’il faudrait des textes qui supportent la copie et les siens ont bien souvent dix ans d’avance sur l’évolution de la société, trente ans sur nos lois. Faire un double pourquoi pas, mais anticiper les mutations, la marche du siècle, c’est nettement plus compliqué : les maisons de disques ne connaissent vraiment que les temps passé et présent, ne raisonnent que dans l’immédiat.
J’aime les chanteurs, j’aime les chanteuses. Mais que ceux, que celles, qui ont une identité propre, une plus-value, que ceux qu’en les écoutant on sait que c’est eux, qu’on a pas à hésiter sur leur nom parce-que-voyez-vous c’est-tous-un-peu-pareil. J’aime Évelyne Gallet parce qu’il n’y en a qu’une. J’aime Yoanna pour la même raison, même si elle chante Je suis double. Et quand je dis j’aime je les adore, elles et leurs chansons, leur façon de les chanter. J’aime Carmen Maria Vega, j’aime Buridane, j’aime Karimouche, j’aime Olivia, la miss Chocolat… J’aime Béa Tristan, Véronique Pestel, Céline Caussimon, Catherine Ribeiro, Michèle Bernard, Mama Béa, Colette Magny, Jane Birkin, Danièle Messia, Juliette Gréco… que des dames qu’on ne risque pas de confondre avec les dernières venues.
J’aime Clarika. Même avec une imprimante tridimensionnelle on n’a toujours pas réussi à refaire la même : elle est unique. Impertinente, joyeusement insolente, joliment rentre-dedans. Moi aussi j’aimerai être porte-savon ou gant de toilette pour être chanté par elle, même s’il le faut – et ça me coûte – chez Les garçons dans les vestiaires. Clarika est toujours là pour vous balancer un truc auquel on ne s’attendait pas, un violent coup de coude ourlé de fleurs, un uppercut enrobé de soie. Si on ne la dira pas engagée, on ne la dira surtout pas dégagée, en prise directe qu’elle est avec la vie, observant avec acuité et bon sens La tournure des choses. Il y a un peu de Souchon en elle dans l’observation, dans la restitution de l’air du temps, de comment on vit, de comment on subit : « Je m’inspire des gens autour de moi, de colères, des interrogations sur l’existence en général. La vraie vie m’intéresse, j’ai toujours une oreille dans le train, dans le bus. Tout est sujet à chanson. J’ai besoin d’être touchée, de ne pas me sentir bridée. Mais je n’écris que sur des sujets où je me sens légitime. » Soucieuse, inquiète du temps présent et de comment et où on va. Je parlais, plus haut, d’Anne Sylvestre : je crois que Clarika est dans cette veine, dans ce ton, comme une petite sœur ou une cousine. Simplement avec un autre habillage, une autre façon d’envisager la musique et le rapport à la scène.
Pour vous dis-je ça ? Pourquoi Clarika ? Parce qu’elle aussi sera des nôtres ce lundi 23 mars 2015 sur la scène du Vingtième Théâtre, à Paris, pour fêter tant Jean-Michel Boris, l’ancien directeur de l’Olympia, que NosEnchanteurs. Pour y être, elle bouscule même l’enregistrement de son nouvel album, c’est dire si c’est sympa. Ne vous attendez pas pour autant à la primeur de nouvelles chansons mais, plus exceptionnel encore, de reprises. Notamment de Julien Clerc et de Léo Ferré, murmure-t’on.
Soirée NosEnchanteurs, le lundi 23 mars au Vingtième Théâtre à Paris, La Fête à Jean-Michel Boris. Avec Jean-Michel Boris, Monsieur Poli & Sève, Céline Caussimon, Rémo Gary, Valérie Mischler, La Marquise, Clarika, Louis Ville et François Pierron, Jérémie Bossone… Réservation conseillée : 01.48.65.97.90 et points de vente habituels.
Michel Kemper, dans tes déclarations d’amour, il y a un oubli, faut assumer ce qui est signé et récemment, par exemple ici:
http://www.nosenchanteurs.eu/index.php/2015/01/26/mischler-lair-du-temps-le-temps-de-dimey/
Oui mais Michel ne veut pas empiéter sur les plates-bandes de Norbert ! Bonne nouvelle pour Clarika ! et j’étais juste en train de chercher partout la vidéo du duo avec Leprest, à la fête de l’Huma 2010, Un pull over pour deux, mais elles sont toutes désactivées.
Pour qualifier Valérie Mischler, « plates-bandes », c’est (in)délicat, ça fait un peu mou, c’est pas le terme que je retiens. Difficile pour moi de faire redite après le papier que je lui ai consacré mais elle est, à l’évidence, de ces chanteuse que j’aime.
Je suis également fan de Valérie Mischler, et j’aime toutes celles qui sont nommées plus haut, et beaucoup d’autres, la liste serait trop longue , et Zaz aussi ! Peut on lui reprocher d’être populaire ?
Clarika sur scène, c’est une boule d’énergie, c’est fin et c’est délicat, ça vous met des coups d’pied au cœur et au cul, c’est vivant et tout naturel. Vous avez de la chance d’être à Paris !