L’heure Dandy !
Dandy, 13 février 2015, Le Sémaphore à Cébazat,
Le Sémaphore un après-midi de vacances d’hiver. Au terme d’une résidence, le groupe Dandy y présente son nouvel album, Poteaux carrés, devant une assistance nourrie et aussi convaincue en sortant qu’elle trépignait d’impatience plus d’une heure avant.
Une heure, pas plus, octroyée à ces régionaux de l’étape au tout début paralysés par le trac (on le serait à moins) puis allant crescendo dans la complicité avec le public, dans l’efficacité.
Dandy ? Leur notoriété va rarement au delà des dômes d’Auvergne et c’est dommage. C’est un combo chanson, un peu rock, un peu pop, élégant et plutôt raffiné, aux préoccupations contemporaines. Comme dans ce France, le seul titre de cet album écrit par la bassiste, Richard Louis, où derrière les mots se niche de sombres inquiétudes : « Arrête-toi, France, de feindre l’ignorance / Ta droiture et tes idées finiront par te tuer. »
La plume est habituellement tenue chez Dandy par son batteur, Damien Chabanal, fine gâchette quand il s’agit de dégainer les mots, tous « dandy » dans l’affectation de l’esprit et l’impertinence, « l’insolence en nous ». Jusqu’à faire chanter l’assistance des mots de presque résistance bien dans l’air du temps, qui, de l’Espagne à la Grèce, dans les usines françaises, à la gauche de la gauche gouvernante, fait écho aux luttes actuelles : « Ne soyons pas mendiant / Soyons voleur / Robin des bois méchant / Escroc, braqueur… » Oui, Dandy a Des Choses à dire : quitte à prendre le micro…
Mais… Dandy est une groupe de bonne tenue, d’agréable tenue. Et c’est sans doute là le reproche, là où le bat blesse : il manque ce mordant dans l’interprétation, du chanteur certes, des musiciens aussi, ce mordant que les mots appellent. On se dit que ça viendra par la scène, que la sagesse fera place au punch, à la nervosité dont pourtant ils se revendiquent, qu’il est possible d’emmener cette chanson-là en une énergie bien plus affirmée. Il suffit de voir le chanteur, Laurent Raynal, se muer le temps d’une heure, d’un tour de cadran, trouver le plus juste ton. On n’ose imaginer s’ils avaient poursuivi ce concert au-delà du temps réglementaire absurde car trop étriqué, joignant leur art à leurs mots et leurs notes. Car s’il est bien d’offrir une résidence et une scène, il est mieux encore d’accompagner un tel groupe au bout de lui-même, de son accomplissement. Mais, comme ils nous le chantent, « ça se jouera les champions / dans les surfaces de réparation », scènes à venir où, pile entre le flegme et la colère, ils se livreront plus encore.
En attendant, nous avons l’opus tout frais pondu, ce Poteaux carrés joliment illustré par Marie Beaupain, sœur d’un illustre Beaupain de la chanson… Deuxième album pour Dandy, on se doute qu’il ne sera pas le dernier.
Dandy, Poteaux carrés, autoproduit, 2015. Le site de Dandy, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs à déjà dit de ce groupe, c’est là.
Une belle soirée avec Dandy , quatre garçons bien sympathiques et talentueux, c’est vrai que c’était un peu court pour qu’ils puissent se donner à fond, mais ce n’est que partie remise , et je leur fait confiance, ils ont tout pour aller plus loin . Ah ! j’ai oublié Peggy , très bien …Quand elle chante !
A suivre donc ces chansons qui promettent et ces dandys qui gagneront encore en insolence, à l’image de l’expression très bien rendue par Marie Beaupin sur cette belle pochette !