Évasion et Anne Sylvestre, question d’hormones
Évasion nous avait habitués (si j’ose dire) au dépaysement à chacun de leurs spectacles. Nous n’étions même plus surpris de les entendre chanter en japonais, en bulgare ou en wolof ! Il y avait bien quelques chansons françaises par-ci par-là… et même de plus en plus, au fil de leurs (déjà !) trente ans de carrière.
Pas plus tôt un nouveau spectacle bien en voix (« Frente !« ), rôdé, qui tourne sur toutes les scènes de France… qu’elles se préparent à un nouveau voyage, toujours a capella. Et pour ce nouveau récital, elles sont parties à la rencontre d’une immense auteure-compositrice-interprète : Anne Sylvestre. Mazette !
Logique, aussi… Elles sont de la même « famille » : voix de femme, de femmes, chansons de révoltes, de douleurs ou de joies… Évasion et Anne Sylvestre les portent depuis leurs débuts. À force de se croiser, de s’estimer, de s’apprécier, il était naturel de les retrouver ensemble, les unes chantant l’autre avec immensément d’amour et de respect… et un petit zeste d’impertinence ! Juste pour dire que le flambeau allumé ne brûle pas seul dans la nuit, mais que d’autres voix sont là pour en porter, pour emporter les paroles, à leur manière, avec leur(s) cultures, leurs ressenti, leurs émotions…
Le spectacle qui nous a été donné de voir, dimanche dernier (le 1er février), dans une petite salle plus que comble, nichée dans le sud de la Drôme (le théâtre « Le Fenouillet » à Saint Gervais sur Roubion, qui fêtait à cette occasion sa trentième année d’existence) tient davantage d’une avant-première, d’un « point d’étape » au terme de cinq jours de résidence aux Bains Douches de Lignières (18) que d’une vraie « première ». Les chanteuses maîtrisent les textes, respectent scrupuleusement les mélodies… mais on les sent très concentrées sur ces acquisitions récentes… un peu trop concentrées pour vraiment « se lâcher » comme elles nous en ont donné l’habitude.
Il faut dire que les textes d’Anne Sylvestre, c’est « du lourd » (comme le dirait Abd Al Malik), même si le choix des textes mélange harmonieusement les chansons d’humour du répertoire d’Anne Sylvestre avec quelques chansons plus… je cherche mon adjectif… « sérieuses » ? « profondes » ? « importantes » ? non ! toutes les chansons d’Anne le sont ! Même quand elle se sert de l’humour pour nous faire un peu réfléchir… Je dirais « intenses » : La berceuse de Bagdad par les dames d’Évasion… je ne l’avais pas encore entendue chanter avec cette émotion contenue et pourtant poignante.
Car ce ne sont pas « que » des reprises : Évasion réinterprète les chansons, les reprend à son compte, les fait siennes… en y glissant parfois sa patte multiculturelle, au détour d’un mot ou d’un refrain !
Elles ont pioché dans le généreux répertoire d’Anne pour y trouver des chansons à leur mesure : du Lac Saint-Sébastien à Juste une femme ou Une sorcière comme les autres, de Cul et chemise à Elle f’sait la gueule ou à Petit bonhomme (sans oublier la chanson-titre du spectacle : Les hormones Simone), les chanteuses offrent, a capella, un tour de chant riche d’humanité. Les heureux spectateurs de cette « avant-première » ne s’y sont pas trompés et les commentaires, à la sortie, étaient plus qu’élogieux ! Il y avait les spectateurs ravis de découvrir Évasion, ceux qui entendaient pour la première fois les chansons d’Anne Sylvestre… et ceux qui regrettaient de n’avoir que deux mains pour applaudir au mariage réussi de ces six femmes !
Allez, les filles : on change walou, nothing, nada, niente ! Longue vie à Simone… et à ses hormones !
Le site d’Évasion, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elles, c’est là.
Un gros oubli à réparer : la prochaine présentation en public de ce spectacle, c’est pour bientôt et c’est pour les Parisiens !
Le 7 février (samedi prochain) à 16 heures à la salle Jacques Berrier, rue Pierre Brossolette, à Sarcelles (95200)
Entrée gratuite
Retrait des places à la billetterie de l’office culturel municipal
J’espère avoir réussi à donner envie de le voir…
J’ai retenu d’un précédent article à propos d’Evasion, « unies comme les cinq doigts de l’humain », et ça leur va comme un gant à ces cinq « sorcières comme les autres », j’espère que leur hormonothérapie va envahir la France, et au delà.
j’ai vu leur spectacle le 10 fevrier 17 à Eybens 38: rythme d’enfer,droles et emouvantes avec de trés beaux arrangements de chansons d’Anne Sylvestre:jazzy,punchy,le public était sous le charme!