Blandine Robin, le disque qui fait sens
Second album pour la franco-suisse Blandine Robin : six ans après son Baïla mémé de 2008 à dominante métissée, elle sort un opus tonalité rock où l’accordéon apporte ses touches populaires, aux propos indisciplinés, déjantés, explosés. « Textes acérés [pour] musique corrosive » lit-on sur son site : c’est au moins vrai dans l’intention, dans l’exp[l]osé aussi.
Plus que de tranches de vies, on parlera d’instantanés, de polaroids. Des scènes, des idées, des émotions, des impressions. Comme un carnet intime où parfois le stylo prend le temps et l’espace de consigner l’action ; où parfois le trait, brouillon ou lumineux, est griffonné dans l’urgence et le désordre.
C’est sciemment provoquant, rebelle, « beau beau beau / c’est bobo la vie. » C’est amoureux, dans l’impudeur de corps qui s’enlacent et transpirent « le temps de ressembler à de vraies serpillières / qui ne pourront que lui déplaire. » Pas d’exercice de style ici mais des figures libres, des mots bruts, pas polis. En cela, c’est direct, franc. Un rien fêlé, et c’est dans cette fêlure que se niche l’émotion, la sève d’une voix aigüe qui vous agrippe, vous travaille et, au bout du compte, vous séduit.
C’est un disque charnel qui fait sens : le toucher, l’odorat et l’ouïe. De sueur et de sexe, de vomi même… « Je sentirai l’odeur qui précède le sommeil / Dans mes reins tant donnés / Dans mon cœur qui s’éveille. » Ici les corps se meuvent et s’émeuvent, là les mots appellent la douceur du corps de la mère « comme en dedans Maman / comme avant. »
Entre les sons tendres d’un accordéon qui se déchire et batterie et sons électriques qui participent sans retenue à la tension du disque, l’art de Robin s’insinue, se faufile, insaisissable, décomplexé.
Là encore il y a le disque… et la scène. Le disque donne le ton, donne le goût. Mais c’est à l’évidence la scène que l’art de Robin appelle en, forcément, une grande messe à la mesure de sa possible démesure.
Dire qu’elle fut un temps « canalisée » par l’ami Eric Guilleton. Dire qu’en parallèle la jeune maman qu’elle est aussi écrit et compose des berceuses…
Blandine Robin, La vie kexplose, autoproduit 2014. Le site de Blandine Robin, c’est ici.
Elle est swing, elle est rock, elle est accordéon, elle est douce et acide, elle berce et elle bouscule, elle est dedans, elle est hors champ, elle déborde de tous les cadres où l’on pourrait la fixer . « Canalisée un temps par Eric Guilleton » ? C’est sûr, il y a eu des fuites, le tuyau a pété !
Les textes sont forts, les musiciens excellents, tout ce que j’aime, mais la petite voix acide reste en deçà de ses textes (si, si, je l’entends bien dans des berceuses) et j’aimerais qu’elle sorte encore un peu plus ses tripes , qu’elle transpire!
Prière d’une pécheresse:
http://youtu.be/bzUCWD_sY7M
j’ai eu le plaisir de travailler avec Blandine et de lui composer deux musiques sur son dernier disque! et j’en suis très heureux!