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L’au revoir de Guy Béart

Guy Béart (photo d'archive Pierre Verdy)

Guy Béart (photo d’archives Pierre Verdy)

17 janvier 2015, Olympia, Paris,

 

« Mon Dieu garde-moi de ces fous qui t’invoquent en simulacre / Qui font de toi le dieu des loups et des massacres / Ô Jéhovah ! » Nous sommes sur la scène de l’Olympia, quelques jours après le massacre de Charlie-Hebdo. Guy Béart, 86 ans, y fait ses adieux à la scène. C’est dire si cette chanson de 1986 (sur le disque Demain, je recommence) y trouve une drôle de résonance. N’est-ce pas lui qui chante aussi « Le premier qui dit se trouve toujours sacrifié / D’abord on le tue / Puis on s’habitue […] Le premier qui dit la vérité / Il doit être exécuté » ? Confidence du chanteur à son public : « Je faisais mes chansons en toute innocence, parfois elles étaient interdites. Aujourd’hui, il y a une liberté remarquable sauf pour nos malheureux amis de Charlie-Hebdo, victimes d’une fusillade déconnante par des musulmans qui ne connaissent rien de Mahomet ». Mais « Il faut continuer le rire malgré tout ! » insiste-t-il. Lui, un peu philosophe, une peu prophète de la chanson, chronique à sa manière la marche du monde depuis des lustres en d’autres caricatures, d’autres traits naguère saillants, en phase avec l’actualité d’alors, pour certains intemporels qui ce soir se cognent avec le tragique. Malgré les retrouvailles, perce le pessimisme. C’est dans l’air du temps mais bien plus encore. Bien sûr l’incroyable marche de dimanche dernier est vive dans les mémoires mais la communion ne durera pas : il reprend « Si la France se mariait avec elle-même / Si un jour elle se disait enfin je t’aime / Elle inventerait la ronde qui épouserait le monde », chanson écrite pour Dalida il y a trois décennies.

Nous revient Béart, en cette salle où il y joua pour la première fois il y a cinquante-huit ans. Cette fois-ci pour un ultime tour de chant, ample, généreux. Soixante chansons, quatre heures de concert, des bribes de souvenirs (et quelques personnages illustres…) et des commentaires, façon revue de presse (s’il chante Vive la rose, c’est la fleur toute entière, avec les épines qu’il envoie à la Montespan qu’est à ses yeux Valérie Trierweiler « qui empoisonne le président ») : il a bien fait les choses, bien réglé sa dernière apparition publique, sur l’air de « La vie va va va… et s’en va. » La quintessence de Béart, ses chansons, ses fragrances, pour longtemps le garder à nous. Un concert forcément d’anthologie rythmé par de fréquentes ovations, debout. Pensez, c’est la dernière occasion de saluer un très grand.

Une chanson simple, comme elle l’a toujours été, ici accompagnée de guitares, d’une contrebasse, d’un accordéon (formation dirigée par l’accordéoniste Roland Romanelli). Presque une épure. Les titres s’enchainent : Les grands principes, Le grand chambardement, A Amsterdam, Chandernagor, Qui suis-je ?, La grève du rêve, L’espérance folle… un chapitre exemplaire de la chanson française à lui tout seul… « Qu’on est bien / Dans les bras / D’une personne du genre qu’on n’a pas… »… Et Vous en duo avec Julien Clerc : « Ce qu’il y a de bien en vous / C’est vous. » Il y aura d’autres duos : avec Hervé Vilard, dans Poste restante, un des plus anciens titres de Béart ; avec Rebecca, dans Mon cher Frantz, que jadis Béart chanta avec Marie Laforêt ; avec Thomas Hernandez, dans Les souliers (dans la neige…). Et cet autre, attendu, évident, avec sa fille Emmanuelle, sur Il n’y a plus d’après. Puis L’eau vive, par deux fois reprise par le public, alors debout : « Courez, courez / Vite si vous le pouvez / Jamais, jamais / Vous ne la rattraperez… » C’est cette chanson entre toute emblématique qu’on retient et qu’on emporte avec soi, au sortir de la salle, entêtant leitmotiv, générique d’une œuvre belle et passionnante.

Puisque la mode semble être aux reprises, il serait utile de s’emparer des chansons de Guy Béart pour qu’à l’issue de cette dernière scène, de ce « coup de chapeau avant de partir dans l’autre monde », à l’issue d’un hommage qui lui sera un jour rendu, son répertoire de premier plan ne se perde pas dans le silence.

 

Ce que NosEnchanteurs en a déjà dit, c’est ici et c’est là. Image de prévisualisation YouTube

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4 Réponses à L’au revoir de Guy Béart

  1. Odile 19 janvier 2015 à 18 h 12 min

    Cela devait être une très belle soirée à l’Olympia…
    Donne moi de tes nouvelles chantait notre ami Allain…
    Que les hommages soit le plus tard possible…
    Merci Michel .

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  2. catherine Laugier 19 janvier 2015 à 19 h 04 min

    Mon premier souvenir de Béart, c’est bien sûr l’Eau Vive , douce mélodie dont je ne comprenais pas à l’époque le sens tragique…
    http://youtu.be/NkV8JQKSvdA

    Et puis vint le message toujours tellement d’actualité, Le Premier qui dit la Vérité:
    http://youtu.be/ParqN3bvhd0
    « Un journaliste est mort dans la rue…Rester dans la ligne, suivre les consignes… »

    Croire en l’Espérance Folle…

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  3. Danièle Sala 20 janvier 2015 à 0 h 50 min

    Un sage, un philosophe, un immense poète qui nous a donné une mine de chansons inoubliables, parmi mes préférées, celle ci : Au revoir monsieur Béart, mais pas adieu .
    https://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=ikaDzh1yd48

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  4. Alain Lanatrix 28 février 2017 à 1 h 35 min

    C’est un immense poète et un des plus grands auteurs et compositeurs de ces 50 dernières années.
    Un peu dans l’ombre de Brel et Brassens, il a pourtant écrit des chansons magnifiques et qui restent dans la mémoire collective.
    C’est une grande joie de le voir encore paraître sur scène à son âge comme l’ont fait avant lui Trénet et Salvador.

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