Fernandez, de doute et d’envol ?
Premier album de Fernandez, natif du sud de la France, un pas tout à fait inconnu dans la maison Chanson : il a écrit des chansons pour les québécois Jean-Sébastien Lavoie et Roch Voisine. Chanson cousine, et chanson voisine, donc. De quoi nous effrayer à l’heure de l’écoute ? Pas nous.
Rien que le visuel du disque (photo, typo) nous renvoie quelques décennies en arrière. A l’unisson en fait de ce qu’il y a à l’intérieur, un son plutôt 70′s, pop-rock : sans nullement singer, le registre musical est plutôt teinté du rock progressif d’alors. C’est dire s’il ne nous est pas tout à fait étranger.
Cause à des rimes bien troussées, introspectives, ça nous donne l’impression d’un mariage heureux entre la chanson « à textes » et la variété, frontière subjective bien souvent séduisante. C’est ici le cas.
Qu’elles soient de sa plume ou d’autres mains, les chansons sont toutes ici à la première personne. En quête de quelqu’un qui se cherche : « Je pose des mots pour exprimer mes mots / Je pose des mots à la manière d’un mémo / Je pose des mots sur du papier blanc / Et je tourne avec mon stylo pour les mettre dans la rang. » Et doute : « Je sais que l’amour et les doutes se sont croisés sur nos routes / Qui n’a pas mis le pied dedans est plus fort ou plus méfiant. » C’est d’ailleurs, par défaut, le thème de cet album qui toujours remet le doute sur l’établi et ausculte ses états d’âmes avec, ma foi, de bien jolies tournures : « J’ai lavé à grande eau, balayé le passé (…) Je te donne mon amour propre / Mon amour propre. » C’est un disque entier qui s’interroge, en un Fatras de questions : « Je ne peux répondre / A ces questions devant moi / Et les anges me grondent / De ne savoir ce que je fais là. » Rien n’est pour autant simple chez Fernandez, chez qui un mot peut en cacher un autre, double peine, double intérêt, double sens. Ainsi le Mater les gonzesses nous entretient de l’homosexualité : « Chacun ses prouesses, chacun ses défauts / Certains les gonzesses, d’autres les mecs chauds / Il n’existe pas d’amour idiot. »
Trois musiciens seulement (André Fernandez inclus) pour ce disque qui pour le coup, des cuivres aux guitares, se partagent nombre d’instruments. De la harpe même ?
Un de mes confrères a considéré Fernandez un peu comme un OVNI dans le paysage musical actuel. Pour voir et entendre au presque quotidien bien d’autres extra-terrestre de tous gabarits, de tous acabits, ça ne vient pas vraiment à l’esprit. Mais c’est vrai que quelqu’un qui chante à contre-courant m’est toujours sympathique. Et que Fernandez à de quoi retenir votre écoute…
Fernandez, Les doutes, autoproduit 2014. Le site d’André Fernandez, c’est ici.
Agréable découverte qui prouve encore une fois l’extrême diversité , et la richesse des chemins de la chanson , même si les thèmes restent les mêmes , la vie, l’amour, les doutes .